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Francouvertes : Joëlle Saint-Pierre, Matt Tomlinson et Michelle Robichaud chamboulent le palmarès

Joëlle Saint-Pierre
Joëlle Saint-Pierre

«Third time’s the charm», comme le veut l’adage et c’est bel et bien en cette troisième soirée de préliminaires — dernière étape pour se hisser le plus haut possible dans le palmarès de neuf places menant à la demi-finale avant un chamboulement quasi hebdomadaire — que le côté compétitif des Francouvertes s’est autant emparé des mélomanes — nombreux et bruyants — que des artistes se partageant la petite scène du Lion d’Or ce lundi.

Matt Tomlinson séduit

C’est l’auteur-compositeur-interprète Matt Tomlinson qui s’est tout d’abord pointé sur les planches.

Artiste anglophone qui tente ici l’aventure francophone — c’était son premier concert entièrement dans la langue de Molière a-t-il mentionné d’ailleurs —, le dandy avait une bonne partie du public présent dans sa poche avant même d’avoir émis un son.

C’était à ce point électrique comme atmosphère… (ça commence vers 0:07)

Matt Tomlinson
Matt Tomlinson

Bien armé — Yves Desrosiers à sa gauche, la bassiste Amélie Mandeville (Creature, Stefie Shock et plusieurs autres) à sa droite, le bonhomme — qui rappelle autant Cohen que Zachary Richard — s’est lancé dans un tour de chant quand même convaincant. Le francophile va même jusqu’à oser la chanson engagée — un domaine déjà casse-gueule; peu importe la langue maternelle — , mais ratisse large ou demeure qu’en surface… ce qui enlève toute charge à ce volet de son offre musicale. Heureusement, les compositions et arrangements, eux, sont riches.

Malheureusement, la nouveauté du pan francophone de la carrière de Tomlinson se fait ressentir jusque dans son interprétation alors que certaines strophes — pourtant conventionnelles sur papier — déboulent maladroitement ou, pire encore, se retrouvent mâchouillées. Le public n’en fera toutefois pas un cas tant le chanteur dégage sur scène et occupe bien l’espace avec ses musiciens.

Joëlle Saint-Pierre domine

Puis vint la chanteuse et multi-instrumentiste Joëlle Saint-Pierre qui — pour reprendre une autre expression en vogue — «allait changer la game» — avec une prestation sans faute.

Imaginez l’instant suivant : une artiste — surtout connue pour quelques pièces pop un brin gentillettes — se glisse sous les feux presque en catimini (sans effets à la Moment Factory ou costume de scène outrancier, disons) et qui donne le coup d’envoi à un tour de chant — livré dans le cadre d’un concours musical, rappelons-le — avec une ballade quasi solennelle interprétée qu’à l’aide d’un vibraphone. Le moment particulier captivera tellement le public que le seul bruit qu’on entendra entre les strophes sera le tintement des bouteilles de bières au bar. À la dernière note, les spectateurs s’emportent et Saint-Pierre lève finalement la tête, révélant un sourire satisfait ainsi qu’un regard presque défiant.

J’vous jure, ça avait presque l’air de ça…

Bref, Saint-Pierre a agréablement surpris avec du nouveau matériel définitivement pop — les fans de Chloé Lacasse, voire de Marie-Pierre Arthur, Joanna Newsom et Klô Pelgag devraient adorer —, mais qui se distingue dans ce sillon musical exploité en outrance par l’emploi du vibraphone.

Justement, j’espère que l’apport de son instrument — quand même inusité dans son domaine de prédilection — fera en sorte que la mouture finale de ses nouvelles chansons (l’interprète a mentionné qu’un album est en préparation) sera un peu osée, sans délaisser la forme plutôt pop pour autant… quoiqu’on pourrait faire sans la surenchère de “oooh” et de “aaah” susurrés. Ceux-ci font davantage «béquilles» qu’«ingrédients essentiels», disons… surtout quand Saint-Pierre pourrait combler ces «vides» à l’aide de strophes, elle qui semble manier la plume avec autant de virtuosité que son vibraphone.

La seule chose qu’on pourrait reprocher à Joëlle Saint-Pierre, c’est le côté un brin «académique» — calculé, voire automatisé — de son concert… quoique, rappelons-le à nouveau, celui-ci se tenait dans le cadre d’un concours musical.

Michel Robichaud surprend

Michel Robichaud
Michel Robichaud

Bien qu’il rappelle autant Rivard que Vallières, l’auteur-compositeur-interprète a également un petit côté Evel Knievel le poussant à se lancer dans des pièces suscitant, bien malgré lui, Proust (les strophes interminables de Beau mystère), voire Kurosawa (Le vol, une composition en trois actes récitée à la Rashomon).

Évidemment, ces «subterfuges» n’arrivent pas à rendre le projet du chansonnier unique ou mémorable, mais contribuent tout de même à révéler un artiste sympathique, certes, mais aussi dangereusement charismatique à en juger la réaction du public.

Bref, méfiance…

Le classement à ce jour :

  1. Joëlle St-Pierre (qui déloge finalement…
  2. Philippe Brach (… qui dominait avec beaucoup d’aise jusqu’alors)
  3. Gab Paquet (qui tient bon)
  4. Maison Brume
  5. Michel Robichaud (surprise!)
  6. Matt Tomlinson (qui fait quand même son entrée sur le palmarès à un étage enviable du podium)
  7. Jérôme Charette-Pépin (qui tient bon)
  8. Joanie Michaud (qui commence à sentir le roussi)
  9. Nini Marcelle (qui ne devrait pas se retrouver en demi-finale si on considère les concurrents à venir qui ont de fortes de la dépasser sur ce palmarès)

La semaine prochaine…

C’est autour de Someurland, P.A.P.A. et Mathias Mental.

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