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Expériences de colons et autres faux accords sexistes

Photo: Jessica Sénéchal
Photo: Jessica Sénéchal

S’il y a un sujet qui a été (malheureusement) populaire au cours de l’année 2014, c’est bien l’éternelle présence du sexisme au sein d’une industrie musicale qu’on espérerait plus épanouie.

L’année dernière, Grimes y allait d’un pavé où elle dénonçait, notamment, qu’on considère sa carrière comme un « accident ».

Il y a quelques semaines, l’ex-Crystal Castles Alice Glass a été harcelée sur scène par l’animateur – Pauly Shore, man! – d’un événement  auquel elle participait.

La leader de Perfect Pussy, Meredith Graves, a également abordé la problématique plus d’une fois au cours de l’année. Pour The Talkhouse, elle a signé une chronique où elle déplorait que les artistes femmes – dont elle, mais aussi Lana Del Rey par exemple – doivent constamment « prouver » qu’elles sont « authentiques » à un certain public.

Bref, nous ne sommes pas en 2014 partout, disons.

Mais est-ce que le Québec est à l’abri?

Bien sûr que non!

Tout au long de l’année, j’en ai jasé avec des musiciennes comme Kandle, Grenadine et plusieurs autres. J’abordais également la question il y a quelques semaines avec Sophie Montpetit du groupe Femme Accident. Avant de se joindre à ce trio formé d’elle et deux bonshommes, Montpetit était notamment au sein de The Peelies, un groupe rock formé que de membres féminins. Comme l’échange se prêtait mal à un article abordant le plus récent disque de Femme Accident, j’ai décidé de le conserver pour mon blogue. Voici donc…

  • SOPHIE : J’ai eu droit à des expériences de colons. Des commentaires allant de « Pas pire pour un band de filles » à « Ça ne durera pas longtemps, c’est un groupe de filles! »
  • BENJAMIN (Deshaies, guitariste de Femme Accident): Quelqu’un lui a déjà dit « C’est pas pire, mais tu ne te shake pas assez le cul! »
  • SOPHIE : Et certains de ses commentaires venaient de personnes que je connaissais, pas d’inconnus! Et comme je n’étais pas la chanteuse principale des Peelies, l’attention et la pression n’était pas que sur moi. Celle-ci est plus présente quand l’interprète d’un groupe est une chanteuse. L’attention est davantage dirigée sur toi. C’est ce que je trouve difficile, d’ailleurs, avec Femme Accident. Dans les séances photo, par exemple, il peut arriver qu’on me demande de me mettre plus à l’avant.
  • BENJAMIN : Tant que ça?
  • SOPHIE : Quand même, oui!
  • BENJAMIN : Mais pour nous, c’est parce que tu es « la lead singer », pas « la fille du band ».
  • SOPHIE : Je sais, je sais. Mais bon, avec les commentaires qu’on peut recevoir en show, on dirait qu’il y a toujours une pression supplémentaire lorsqu’on est musicienne. C’était plus intense avec les Peelies, mais là, c’est plus relaxe!
  • BENJAMIN : Mais ce qui est cool, surtout à Montréal, c’est qu’il y en a de plus en plus. Lors de nos derniers concerts, il y avait toujours au moins une musicienne au sein des groupes avec lesquels on a partagé la scène. Et ce n’était pas voulu! Ça arrivait comme ça!
  • SOPHIE : Je ne pourrais donc dire que la situation est « meilleure » pour des filles dans des bands de nos jours, mais il y a quand même de plus en plus de musiciennes sur la scène. Y’a quand même ça…
  • VOIR : Shit!
  • BENJAMIN : T’as pas eu la réponse que tu attendais? (rires)
  • VOIR : Je ne m’attendais à rien, en fait. Chaque fois que je pose cette question à une musicienne, la réponse est super différente!
  • SOPHIE : J’imagine qu’il y en a qui s’en fouttent.
  • VOIR : Ou il y en a qui vont en faire fi et mettre l’accent sur ce qu’elles en retirent. On m’a déjà dit, par exemple, qu’être musicienne peut faire en sorte qu’un magazine mode qui a quelques pages culturelles parle de toi parce que, visuellement, c’est plus intéressant que quatre dudes barbus en skinny jeans.

Femme Accident lance son album sur la scène de la Brasserie Beaubien demain.