Les Peintures : La fête de la peinture
Arts visuels

Les Peintures : La fête de la peinture

Après Peinture peinture, RENÉ BLOUIN récidive avec une deuxième exposition estivale qui célèbre avec faste la peinture. De tout, en abondance.

Ces jours-ci, les Galeries René Blouin et Lilian Rodriguez se sont transformées en caverne d’Ali Baba. Leurs murs sont remplis d’une myriade de petits tableaux produits par une centaine d’artistes. Intitulée Les Peintures, cette expo se veut, selon René Blouin, «comme une suite à Peinture peinture» (organisée avec l’Association des galeries d’art contemporain). Événement marquant de 1998, la critique autant que le public avaient été au rendez-vous. Il avait permis, entre autres choses, à des artistes plus jeunes, tels que Stéphane Gilot, Stéphane La Rue ou Martin Bourdeau, de confirmer la qualité de leurs démarches créatrices.

Lors du vernissage, malgré une humidité étouffante, c’est un public abondant qui se pressait dans les salles pour voir ce panorama 99 de la peinture canadienne. Cette année, les deux galeries organisatrices ne se sont pas restreintes à la peinture abstraite et montréalaise. Seule une limite d’ordre pratique était imposée: les peintres devaient proposer de petites ouvres – cette contrainte expliquant l’absence d’artistes ne privilégiant pas ce type de format.

Le résultat est des plus emballants. Certes, on trouvera que les monochromes (en trop grand nombre toutefois) produisent des effet plus spectaculaires et moins banals avec des tableaux plus vastes. Néanmoins, dans l’ensemble, l’expérience est d’une grande richesse visuelle. On remarquera en particulier l’extraordinaire jeu de déséquilibres de What Are the Odds? de Stéphane La Rue; les transparences textiles d’Ash par Chris Kline; les troublantes larmes-spermatozoïdes de Kevin de Forest; et les effets de translucidité de France Choinière et de François Lacasse. On portera aussi une attention particulière aux pièces remarquables des artistes suivants: Martin Bourdeau, Marie-Claude Bouthillier, Stéphane Gilot, Sophie Lanctôt, Milly Ristvedt, Alexandre David, Claire Beaulieu, Romany Eveleigh, Mark Vatnsdal, Pierre Dorion, Guy Pellerin, Antonietta Grassi, André Laroche, David Blatherwick; sans oublier, bien sûr, le toujours fabuleux Paterson Ewen.

Cette initiative de produire une événement estival de cette ampleur vient combler un manque. Car beaucoup de galeries sont malheureusement fermées l’été. René Blouin remarque qu’«il faut faire à Montréal des projets estivaux envoûtants. Cette expo est un peu comme une fête où l’on aurait invité plein d’artistes. Cet esprit se voit même dans l’accrochage plus débridé. On peut s’y faire une petite idée de l’énergie que suscite encore à l’heure actuelle la peinture».

Le galeriste trace aussi un lien entre son expo et Cosmos qui se tient au Musée des beaux-arts: «Dans les deux cas, on convie le spectateur à un émerveillement devant une constellation d’ouvres. Cela, après coup, m’est apparu comme une manière de faire rêver et d’aller au-delà des malheurs du monde.»

Et René Blouin de décrire alors son ravissement lorsqu’il a ouvert chacun des colis des artistes sélectionnés. Devant la pléiade de peintres choisis, on pourra ressentir nous aussi la fascination que la peinture exerce toujours. À voir, pour le plaisir, et avec des amis, dans un esprit festif.

Jusqu’au 14 août
Galeries René Blouin et Lilian Rodriguez

Napoléon en exil
À propos de Napoléon à l’île Sainte-Hélène, le communiqué de presse dit qu’il s’agit d’une «exposition conçue pour un large public, initiés et curieux, jeunes et adultes».

Malheureusement, la visite des salles du Musée Stewart, où sont présentés les artefacts (dont certains en provenance du château de la Malmaison), n’emballe guère le spectateur averti. À vouloir rendre accessible un sujet complexe, les organisateurs de cet événement ont construit une présentation un peu trop banale et générale.

Dans le tas de reliques (dont le berceau de l’empereur!) et de documents reconstituant d’une manière très large l’esprit de l’époque (avec, par exemple, une tunique d’officier de la milice du Bas-Canada), le spectateur aura du mal à trouver les quelques ouvres d’art néo-classique un peu plus intéressantes. D’un tableau d’Ingres représentant le Premier Consul, on a droit à une mauvaise copie (par Joseph Pel). Sur un autre mur, on peut voir une piètre photo du Sacre, de David. Certains bustes présentés sont du Second Empire, et ont une valeur historique toute relative. A-t-on voulu traiter de la place du phénomène Napoléon dans l’imaginaire collectif, ou bien de la valeur réelle des apports (politiques, juridiques, artistiques et autres) de cette époque? Ou simplement s’attarder sur des détails de la vie privée: le mobilier qui servait au militaire dans ses campagnes; le service de table de son ministre Cambacérès, etc. Voilà une vision de l’histoire teintée de préoccupations bourgeoises. Pour inconditionnels seulement.

Jusqu’au 11 octobre
Musée Stewart
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