Le Nouveau Montréal : Artistes de l'espace
Arts visuels

Le Nouveau Montréal : Artistes de l’espace

L’exposition Le Nouveau Montréal: projets urbains marquants dans le Vieux-Montréal vous fera voir avec un regard neuf ce quartier historique et penser à l’avenir de l’architecture dans la métropole.

"L’avenir des grandes villes nord-américaines passerait-il par leur centre ancien?" C’est par cette question – où flotte un léger doute -, du commissaire Marc H. Choko, que s’ouvre l’expo "Le Nouveau Montréal": projets urbains marquants dans le Vieux-Montréal.

C’est alors avec scepticisme que le visiteur pénètre dans les salles du Centre de design de l’UQÀM.

Car, depuis plus de 20 ans, combien de fois la Mairie nous a-t-elle annoncé la résurrection de ses cendres de ce quartier historique? Et combien de fois a-t-il fallu se rendre à l’évidence que ce n’était pas du jour au lendemain que l’on pouvait instaurer une riche vie de quartier avec simplement quelques projets domiciliaires ou de bureaux? Certes, il y a les cas exemplaires du renouveau récent de Manhattan ou de Baltimore; mais peut-on croire pour autant que "les grandes villes occidentales soient entrées dans une ère nouvelle"?

Cette expo a pourtant le grand mérite de dessiner un portrait positif de la revitalisation du Vieux-Montréal qui semble enfin prendre son envol. Depuis la réhabilitation des Cours Le Royer, élaborée entre 1974 et 80, il y a eu plusieurs autres réalisations marquantes.

Le visiteur peut alors se rendre compte de la valeur de plusieurs de ces interventions: le Musée Pointe-à-Callière réalisé par l’architecte Dan S. Hanganu et la firme Provencher Roy et associés; le réaménagement de la place d’Youville qui le jouxte; le Centre de commerce mondial élaboré également par Provencher Roy et associés; les habitations 1 McGill, Faubourg Québec, Quai de la Commune; le réaménagement des rives du Vieux-Port; le Complexe Chaussegros-de-Léry avec son centre sportif, ses espaces commerciaux… Le quartier semble en pleine mutation, restructuration, revitalisation.

Cette expo vaut une visite, ne serait-ce que pour voir à quoi va ressembler l’agrandissement majeur du Palais des congrès, qui sera achevé en 2002, intégrant une série d’anciens bâtiments et façades.

Le tout est très clairement présenté pour un public de spécialistes, mais aussi pour des néophytes à l’aide de plans, de maquettes, et de photos…

À cet égard, signalons les remarquables images d’Alain Laforest – photographe en chef des services photo au Centre canadien d’architecture. Il a utilisé un système très rudimentaire pour prendre ses clichés, se servant d’un sténopé, sorte de camera obscura, une simple boîte noire laissant entrer la lumière par un trou d’aiguille!

Le résultat est réellement impressionnant. Les images sont d’une grande douceur, à la fois nettes et, par endroits, très légèrement floues, presque duveteuses, évoquant la texture des tableaux de Vermeer réalisés à l’aide du même dispositif (évidemment sans l’aide de papier photo!).

À elles seules, ces photos valent le détour et présentent un visage original de ce quartier.

Jusqu’au 25 février
Au Centre de design de l’UQÀM

Renouveau architectural à Montréal?
Le 30 janvier dernier, à la toute nouvelle Bibliothèque d’Outremont, l’heure était au bilan. L’Ordre des architectes du Québec conviait les journalistes à une présentation des projets qui ont été soumis au Prix Excellence 2000. Les architectes québécois voulaient ainsi sensibiliser la population à l’importance, pour le bien collectif, de leurs interventions dans le tissu social.

Il faut dire que l’adoption de la loi 132, en novembre dernier, par le gouvernement du Québec, oblige ces professionnels à souligner plus que jamais la valeur de leur savoir-faire. En effet, cette loi révise le champ d’exercice de la profession et soustrait une partie des travaux de construction et de rénovation à leur champ de travail. L’heure est-elle grave pour autant? Plusieurs architectes présents ce soir-là exprimaient leur inquiétude par rapport aux impacts de cette nouvelle loi.

Cette présentation célébrait aussi une architecture québécoise, et montréalaise en particulier, qui vit un renouveau indéniable après des années de vaches maigres entre 1990 et 1995. Tentons d’y souligner quelques tendances. Les formes sont souvent d’une grande simplicité, voire sobriété, avec des lignes horizontales très soutenues comme les années 50 ont parfois pu le faire. Le nouveau semble se greffer ou même parasiter l’ancien telle une excroissance, sans que l’on ressente la violence et l’opposition que l’architecture des années 60 ou 70 a pu montrer vis-à-vis du passé. Et le verre, ainsi que l’ouverture sur l’extérieur du bâtiment (la ville ou la nature), continue d’avoir une grande importance.

Pour le constater de visu, on vous propose un parcours qui vous permettra de juger de la qualité des interventions récentes de ces artistes de l’espace dans le tissu urbain.

La restauration des salles (dans leur état de 1912) ainsi que les nouveaux espaces du Pavillon Nord du Musée des beaux-arts valent une visite; tout comme les nouveaux locaux de la Maison de la culture Ahuntsic qui accueille en ses murs un formidable montage photo de Roberto Pellegrinuzzi, un 1 % pour une fois digne d’intérêt. Il faut aussi aller voir l’impeccable travail de conservation de la façade restaurée du théâtre Corona, et aussi le Pavillon Alexandre-de-Sève de l’UQÀM ou le nouveau campus de l’École des hautes études commerciales (HEC) – moins pour sa façade plus ou moins réussie que pour ses espaces intérieurs qui, comme le soulignait son architecte Dan S. Hanganu, donnent une place "prépondérante au spectacle de la nature". Ce dernier, qui a aussi signé le Centre d’archives de Montréal (avenue Viger Est), a laissé, ces dernières années, une marque de qualité sur la ville.

Soulignons aussi l’originale et gracieuse intervention des architectes Eide et Fianu pour la terrasse du Restaurant Union, rue d’Youville, dans le Vieux-Montréal. Neuf chapeaux de fibre de verre, évoquant certaines structures publiques construites lors de l’Expo 67, couvrent élégamment la terrasse. À voir sans faute puisque l’ensemble sera très prochainement détruit.