Big Deal : Remplir son contrat
Arts visuels

Big Deal : Remplir son contrat

Le collectif Orange/Brown, ça vous dit quelque chose? Sans doute pas. Eh bien justement, les artistes qui le composent ont décidé de se faire connaître en dehors du réseau des galeries et musées. Ils le font avec leur expo Big Deal, au Bar Blizzarts, et en profitent pour critiquer l’esthétique photographique dominante.

J’ai reçu il y a quelques semaines, par courriel, une invitation qui m’a interpellé. Signé par un groupe de jeunes artistes, le texte d’accompagnement m’est apparu comme une prise de position méritant qu’on y fasse écho. Jugez-en par vous-même: "En considérant le penchant marqué du Musée d’art contemporain pour la photographie américaine postmoderne convenue et la sociologie affectée des YBA (Young British Artists), sans compter la récupération vulgaire de la tragédie du 11 septembre au dernier Mois de la photo, nous nous sommes dit que le Blizzarts serait probablement le meilleur endroit pour présenter nos petits clichés. Comme un petit lounge des refusés." Le critique en moi, toujours en train de courir après de nouveaux talents et de nouvelles visions de l’art, s’est bien sûr senti apostrophé (et cela sans me prendre pour Bernard Pivot, Dieu m’en garde!). Bien des artistes n’ont-ils pas commencé leur carrière en s’exposant dans les bars (certains y ont fini leur vie, mais ça, c’est une autre histoire) ou cafés? Emmanuel Galland, par exemple, a débuté ainsi vers 1994-95 au Kilo.

Ce groupe de jeunes dans le début trentaine, appelé le collectif Orange/Brown, est-il vraiment à la hauteur de ses prétentions? Le résultat est pas mal du tout, surtout si on tient compte des contraintes inhérentes à ce type de lieu. J’ai particulièrement apprécié la photo de Justin Stephens, La Magie du printemps, composée, entre autres, d’une allumette posée sur une branche d’arbre; les photos de passeport de Zoë Miller; ainsi que Park de Natascha Niederstrass, montrant les pieds suspendus dans les airs d’une jeune fille (pendue?). Mais il faut saluer surtout, malgré les styles différents, la cohérence de cette expo de groupe dans laquelle on retrouve aussi d’excellentes pièces d’Oana Avasilichioaei, Lance Blomgren, Sylvain Breton, Anthony Burnham, Suzanne Dery, Joey Dubuc, Frédéric Léonard et Billy Mavreas. Artistes à surveiller.

Le collectif Orange/Brown poursuivra bientôt ses interventions dans des lieux hors du circuit galeries-musées. Je vous tiendrai au courant de leurs apparitions.

Jusqu’au 29 avril
Au Bar Blizzarts (3956a, boulevard Saint-Laurent)