Le collectif orange/brown : Ma cabane au Canada
Arts visuels

Le collectif orange/brown : Ma cabane au Canada

Le collectif orange/brown poursuit sa réflexion sur la création et investit l’Usine C. Artistes au boulot.

Le hall d’entrée de l’Usine C est occupé par une petite cabane de fortune. Encore des étudiants terroristes en grève qui squattent sans vergogne les espaces publics et détruisent tout sur leur passage?!? Fait de morceaux de bois, ce cabanon évoque les masures des bidonvilles ou l’abri de fortune pour itinérants débrouillards (il y en a). Mais quelques éléments plus ordonnés (comme ces branches d’arbres érigées ici et là en décoration ou ce système d’arrosoir sur le toit copiant pauvrement la pluie) nous disent une installation plus complexe, un faire-semblant bien orchestré malgré des moyens très simples. Il y a du travail artistique là-dessous, la pauvreté des matériaux signalant certainement au passage le statut d’artiste au Québec et au Canada…

Cette mise en scène intitulée Sunday something est signée par le collectif orange/brown (Oana Avasilichioaei, Lance Blomgren, Sylvain Breton, Anthony Burnham, Suzanne Dery, Joey Dubuc, Frédéric Léonard, Joni Murphy, Natascha Niederstrass, Justin Stephens). D’ailleurs, dans cette cabane, par quelques trouées entre les planches de bois, vous pourrez voir les portraits et autoportraits des artistes.

Dans cette maison, orange/brown réfléchit à son propre statut créatif. Cette masure est comme une métaphore de l’atelier de l’artiste, mais aussi de l’appartement du créateur sans le sou, ayant souvent juste un toit pour se protéger des intempéries. L’artiste qui doit travailler pour survivre est-il réduit à devenir un créateur du dimanche?

Or, il y a de l’espoir pour les membres du collectif, qui pourraient bientôt voir la vie en rose et des jours plus ensoleillés. Eux qui ne voulaient occuper que les marges (certains se rappelleront sûrement de leur intervention au bar Le Blizzarts en 2004) ou les espaces privés, les voici qui lentement se trouvent happés par les institutions (l’Usine C représentant une étape importante). À quand orange/brown au Musée d’art contemporain (qu’ils ont critiqué pour ne pas avoir donné assez de place aux jeunes artistes)? Ça ne serait que justice.

Ce qui est sûr, c’est que leur travail s’inscrit avec intelligence dans la lignée d’autres artistes qui ont, dans les dernières années, retenu l’attention. Je pense à Patrick Coutu et à sa pièce de bois La moderne et surtout au trio de BGL (en passant, qui va se décider à les réinviter à Montréal, que nous puissions goûter davantage leurs créations?). Pour plus d’information: www.orangebrown.info

Jusqu’au 7 mai
À l’Usine C

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