Simon Bilodeau : Art post-apocalyptique
Arts visuels

Simon Bilodeau : Art post-apocalyptique

Simon Bilodeau, artiste montant de la scène québécoise, nous invite dans son installation Tu n’es qu’une étoile. Un portrait ardent de notre époque.

Voici une expo qui est totalement d’actualité. L’artiste Simon Bilodeau semble nous offrir un univers de richesses, de luxes, de glamour… Dans cette installation, vous verrez des piles de diamants (sculptés avec du plâtre) installées dans une salle presque cachée qui a des allures de coffre-fort, de caverne d’Ali Baba. Sur les murs, des tableaux représentent des ciels étoilés, des arcs-en-ciel et encore des diamants, beaucoup, dont certains, noirs, tombant du ciel en une pluie fantastique. Un monde où tout serait luxe, calme et volupté? Pas si sûr.

Ce monde d’ostentation se révèle un mirage, un miroir aux alouettes. Bilodeau nous offre un univers tout en noir, blanc et gris où la peinture et la sculpture ont été privées de leur pouvoir de séduction, vidées de la couleur, saignées de leur vie. Les diamants sculptés ne sont que plâtre. Dans les tableaux, en s’approchant, on peut aussi voir des maisons en ruine (post-ouragan Katrina), des corps de femmes en pièces… Ici, ce sont des avions de guerre, des bombardiers, qui disséminent ces diamants noirs évoquant des cafards… Une expo en écho à l’ère Bush, à ces années de fausses prospérités et de cupidité. Ce qui semblait être richesse se révèle n’être qu’illusion. Il faut maintenant faire face à la banqueroute mondiale et faire le ménage.

Étrangement, c’est aussi une expo sur la beauté de la ruine. Sublime précipice. Comme si notre époque voulait elle-même devenir digne de Pompéi. Bush comme artiste contemporain, vedette rock qui détruit tout dans son show? Un art post-apocalyptique où même la grandeur de l’artiste est ruinée. Bilodeau a peint son nom et l’a même sculpté, mais ce nom est noyé dans des dégoulinades de peinture et mis en morceaux. Rien, même les étoiles artistiques, ne résiste à cette désillusion. Tous ces diamants pouvaient faire penser à l’univers de Damien Hirst et à cette époque que nous venons de traverser où le marché de l’art était en folie. Néanmoins, c’est plutôt Bosch et son enfer qui restent en tête.

Profitez de cette visite chez Art Mûr pour regarder la série d’oeuvres sur papier de Claude Tousignant (dont plusieurs moins connues). Un important complément à la rétrospective au Musée d’art contemporain.

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