OBORO : Engagement humain
Arts visuels

OBORO : Engagement humain

Le centre OBORO a 25 ans. Un quart de siècle d’engagement dans la création et dans le milieu de l’art. Entrevue avec Daniel Dion, cofondateur de ce lieu réputé.

Les centres d’artistes jouent un rôle primordial dans la culture québécoise et canadienne. Ils sont souvent tenus pour acquis, pourtant ils ne furent pas toujours là et ont demandé d’énormes efforts. Daniel Dion, qui avec Su Schnee a cofondé le centre OBORO (centre d’exposition, laboratoires nouveaux médias…), nous raconte les débuts de cette aventure.

Voir: Pourquoi avez-vous ouvert un nouveau lieu en 1984?

Daniel Dion: "D’une part, Su et moi avons toujours voulu nous impliquer dans et avec la communauté. D’autre part, au début des années 80, il n’existait pas de lieu proprement dit pour présenter ou pour transiger avec ce qu’on appelle aujourd’hui les nouvelles technologies et qu’on nommait à l’époque les arts médiatiques. Plein de gens autour de nous ont adhéré à notre projet. Au début, François Girard, avant qu’il fasse du cinéma, a fait une installation intitulée Couleurs, une expérimentation magnifique qui serait totalement actuelle aujourd’hui et qui pourrait être remontée… C’était le début des installations et projections vidéo."

Comment se sont passés les débuts d’OBORO?

"Dès 1985, on a emprunté 5000 dollars pour faire l’acquisition d’un Macintosh dernier cri. On avait à peine l’argent pour payer le loyer, mais heureusement, un des membres de notre premier conseil d’administration avait une maison et l’a mise en garantie. Cet ordi avait 512K de RAM! Maintenant, on ne sait plus ce que sont des kilooctets, tout est en megabytes, terabytes…"

Comment voyez-vous OBORO?

"Nous parlons souvent d’OBORO comme d’un salon, un lieu pour les artistes qui leur permet une expérience transculturelle vivante. Le processus qui mène à l’art est aussi important que le résultat."

Vous ne mettez pas plus l’accent sur la technologie?

"La technologie, il y en a partout ici. On en mange, mais c’est un véhicule comme un autre qui permet de transiger des idées, de réfléchir, d’échanger des savoirs, de se rencontrer."

Vous souhaitez un engagement social du centre d’artistes?

"Un engagement humain. Pour reprendre la phrase de Robert Filliou, c’est l’art qui rend la vie plus intéressante que l’art."

Des artistes marquants sont passés par OBORO…

"C’est facile de nommer des noms importants. Nous avons présenté l’écrivain William Burroughs en tant que jeune peintre vers 1990. Il faisait des shotgun paintings. Mais ce sont tout autant des projets qui n’ont pas bénéficié d’un vedettariat qui ont eu des influences profondes."

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LES 25 ANS D’OBORO

Pour célébrer cet anniversaire, le centre OBORO a organisé toute une série d’événements. Jusqu’au 2 mai, d’abord, des créations appelées "oboros" sont présentées dans un décor rempli de plantes. Réalisées par une centaine d’artistes, elles offrent un appréciable panorama de la création d’ici. Le 25 avril à 16 h, l’artiste multidisciplinaire Claude-Marie Caron, qui a imaginé le nom d’OBORO, effectuera une performance. Cette même journée à 14 h, les enfants sont invités à venir créer leur propre oboro en compagnie d’animateurs. Les activités se concluront le 2 mai à 15 h avec un pique-nique et la plantation d’un marronnier glabre au parc La Fontaine (angle Rachel et avenue du Parc-La Fontaine).