Emporte-moi/Sweep Me off My Feet : Hors de soi jusqu'à l'autre
Arts visuels

Emporte-moi/Sweep Me off My Feet : Hors de soi jusqu’à l’autre

La présente exposition du MNBAQ, Emporte-moi/Sweep Me off My Feet, signe le manifeste et la prière de notre temps: faire briller les espoirs d’une humanité transformée par un amour vrai et libéré des clichés.

Jusqu’au 13 décembre, cette présentation sera l’exemple parfait qu’avec moins, mais uniquement des oeuvres clés, on pourra vraiment captiver le public. Less is more et l’effet de cette retenue est instantané: une scénographie cohérente, aérée, en des murs blancs qui laissent enfin toute la place pour se reposer les yeux et respirer les pièces. Ainsi posées sur un même fil conducteur, elles peuvent décliner l’amour dans toute sa richesse. De même, comme chacun des morceaux est pris isolément, le grand respect et la sincérité avouée des porteurs de l’exposition sont aussitôt palpables. Des morceaux nitescents, sans cynisme, dans plusieurs médiums actuels avec une (ou des) esthétique(s) d’une heureuse facture et consignés dans un remarquable catalogue-objet, transformé en célèbre calepin de croquis ou journal intime dit "Moleskine". Une conception qui simule jusque dans sa mise en pages le croqué-sur-le-vif intimiste de l’artiste ou de l’écrivain.

C’est là qu’une multitude curieuse pourra, en plus de s’approprier l’art contemporain dans l’immédiateté de son langage, se concentrer sur ce qu’elle ressent sans avoir à désespérer de ne pas connaître l’art ou ses créateurs. Une occasion de découvrir et retenir quelques artistes importants dans la production contemporaine internationale ou nationale, tels qu’Andy Warhol, Sophie Calle, le duo Marina Abramovic & Ulay, Felix Gonzales-Torres, Barbara Borsato, mais aussi locale, avec Michel de Brouin et Eve K. Tremblay.

Cette exposition-expérience fera date, car rares sont ainsi réunies toutes les conditions pour qu’un coup de foudre ou un choc esthétique de cette ampleur se produisent. L’alignement de toutes ces sphères nous rappellera que si l’amour submerge, noie la raison, emporte, trahit, exige une liberté absolue, ce "crime où l’on ne peut pas se passer d’un complice" (Baudelaire) ne peut qu’être incompatible avec toute forme de soumission aux lois comme celles du marché, ou encore… celles de la gravité qui, ainsi que le rappelle Einstein, ne peuvent être tenues responsables de ceux qui tombent amoureux.

À voir si vous aimez /
Bernard Adamus, Yan Giguère, Patrice Desbiens