Geneviève Baril : Le point zéro
Arts visuels

Geneviève Baril : Le point zéro

Dans La Virginité du regard, l’artiste Geneviève Baril cherche l’équilibre.

"Je ne suis pas une artiste à message, lance de sa voix posée la Trifluvienne Geneviève Baril. Pas du tout. Je comprends et j’apprécie ce type d’art là, mais je ne suis pas quelqu’un qui a envie de choquer ou de déranger. Le beau m’inspire. L’esthétique me parle beaucoup, particulièrement l’esthétique zen japonaise."

Son exposition La Virginité du regard, qui débute par une citation de l’auteur Okakura Kakuzô (Le Livre du thé), va d’ailleurs dans cette direction. Très épurée, privilégiant le noir et blanc, elle cherche le point zéro, l’équilibre. "J’essaie d’enlever les couches identitaires que l’on a pour toucher vraiment à l’essence de ce que l’on est. Dans l’oeuvre, ça s’exprime par le fait que j’épure le plus possible."

Photographies, sculptures, tout ce qu’a créé Baril évoque la féminité. "Ça a été longtemps mon leitmotiv, le concept de l’identité féminine. J’ai fait beaucoup d’oeuvres avec l’idée de la robe, mon archétype fétiche pour parler de la féminité. Mais quand est venu ce travail-là, j’étais à la maîtrise et ça a bifurqué: c’est devenu un petit peu moins figuratif." Ses robes se sont transformées en de longues et délicates traînes de plumes blanches, des branches d’arbres se sont intégrées à ses oeuvres. Et c’est sans parler de ses énigmatiques montages photographiques. "J’étais en train de faire mes sculptures de plumes. Comme c’est un geste répétitif, j’avais besoin de prendre un break. J’étais donc sortie avec mon appareil photo. C’était une journée comme aujourd’hui, pluvieuse, pas de feuilles dans les arbres. Je venais de lire un texte sur le thème du flâneur qui parlait d’avoir un regard neuf chaque fois que l’on sortait de chez soi, et ça m’habitait. Je me suis mise à regarder les branches d’arbres nues et le ciel gris. On aurait dit que c’était la première fois que je voyais ça. Je trouvais ça super beau." Aidée de Photoshop, l’artiste s’est par la suite amusée à faire des effets miroir avec ses photos. Le résultat est stupéfiant. "Cela donne toutes sortes d’effets: une cathédrale, un sexe féminin, des églises…" Un hasard? "Oui, c’est un hasard. Mais en même temps, si ça, ça m’a séduite dans mon travail, ce n’est pas tant un hasard", admet-elle.

Mue par la philosophie orientale, Geneviève Baril a habillé les murs de la Galerie d’art du Parc de très peu de choses. "C’était vraiment une volonté de ne pas surcharger le lieu, d’en mettre le moins possible. Dans la première et la dernière salle, il n’y a pratiquement rien, mais je trouve qu’il y a une belle poésie. Tu es d’ailleurs passée vite dans la première salle; tu as manqué quelque chose. Il faut vraiment être attentif pour le voir. J’aime un peu cette idée-là qu’il faut prendre le temps ou on passe tout droit, que l’oeuvre demande une certaine attention, que tout n’est pas dévoilé tout de suite."

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