Chroniques d'une disparition : Absence/Présence
Arts visuels

Chroniques d’une disparition : Absence/Présence

Chroniques d’une disparition: une expo comme nous voulons en voir plus souvent. Thème, artistes et oeuvres sont au  rendez-vous.

Voilà le genre d’expo qui fait le bonheur de la critique. Et qui fera certainement aussi celui du public. Primo, le thème en est intéressant. Pas nécessairement facile de prime abord – les oeuvres choisies déclinent sous plusieurs formes les notions de deuil, d’absence et de perte -, mais il s’avère passionnant. Ce n’est pas un thème nouveau, mais il est encore totalement pertinent en regard des préoccupations des créateurs contemporains comme de nos sociétés. Les oeuvres parlent ici de la guerre, de la mort, du souvenir, mais aussi de secrets, de situations passées sous silence…

Secundo, les artistes ont été sélectionnés avec soin, le mélange de noms connus et de un ou deux moins célébrés permettant à des amateurs même aguerris de revoir des pièces intéressantes et en même temps de découvrir de nouveaux acteurs du milieu.

Tertio, les oeuvres sont pertinentes du point de vue du contenu mais aussi de la forme, elles ne tombent pas dans la littéralité, ce qui est souvent le danger avec certains thèmes d’expositions.

Parmi les cinq artistes réunis, qui se démarque le plus? Le Berlinois Omer Fast présente un court film fabuleux. Montrée en 2011 à la Biennale de Venise, cette pièce intitulée 5000 Feet Is the Best (2011) met en scène un de ces pilotes (qui souffrent de nombreuses séquelles psychologiques) qui contrôlent des drones abattant du ciel des « cibles » au Pakistan et en Afghanistan. Ce film qui procède par répétitions est totalement désorientant.

Taryn Simon (dont les oeuvres ici exposées étaient aussi de la Biennale de Venise en 2011) présente An American Index of the Hidden and Unfamiliar (2007), une série de photos captivantes. Elle nous montre un centre d’entreposage de déchets nucléaires, un centre de cryopréservation, une salle d’opération permettant l’hyménoplastie (la reconstitution de l’hymen), des couloirs du premier immeuble de la CIA, le centre de recherche sur la culture de la marijuana au Mississippi…

Il faudra aussi voir les pièces de Teresa Margolles, de Philippe Parreno et de José Toirac.

Signalons que dans le cadre de cette expo, la Fondation DHC présentera deux films (avec sous-titres français) du réalisateur Elia Suleiman: The Time That Remains (2009), le 7 février à 19h, et Chronicle of a Disappearance (1996), le 8 février à 19h.