Léopold L. Foulem : Sexe, récup' et céramique
Arts visuels

Léopold L. Foulem : Sexe, récup’ et céramique

Paillettes, Jésus Christ, phallus et Mickey Mouse. Léopold L. Foulem s’amuse avec les stéréotypes et les icônes pop, y injectant une bonne dose de kitsch au passage pour créer une céramique pas sage du tout.

Une parodie de l’art officiel. C’est comme ça que l’artiste néo-brunswickois d’origine qualifie son travail carrément en marge. Léopold L. Foulem le dit lui-même et d’emblée: il fait de la céramique parce qu’il a quelque chose à dire.

«Mon art est politique, mais pas parce qu’il y a des fusils ou des fuck you. Mon art est politique parce qu’il conteste l’art officiel.» À la manière d’un photographe ou d’un bédéiste, le créateur a pour combat constant de prouver la légitimité de son art.

Sa ligne de pensée? «Ça peut être de l’art, mais ça n’a pas besoin de ressembler à de l’art.» Et ce, même s’il fait une connexion avec l’art officiel dans son travail, notamment en immortalisant des héros sous forme de sculptures. «Au lieu de représenter Hercule ou d’autres divinités, c’est le père Noël et Pinocchio que je reproduis. De toute façon, dans mille ans, les gens ne sauront pas qui était un héros pour vrai.»

Résolument connecté à la culture pop – et s’associant lui-même au courant pop art –, Foulem puise son inspiration dans des objets trouvés. «Si tu me dis: on va à New York demain matin, je vais te demander d’aller faire un tour au marché aux puces avant d’aller au Musée d’art contemporain.» C’est ainsi qu’il a créé Jewish Banana No. 2 en 1976, œuvre essentiellement composée du cadran d’un téléphone et d’une banane en guise de combiné téléphonique. «Dans les années 70, le monde ne savait pas quoi faire avec ça. C’est encore pareil aujourd’hui. Le pop art, on connaît ça, mais on n’en achète pas. Y a des années où je ne vends rien.»

Un faible succès sur le plan des ventes qui n’empêche pas Léopold L. Foulem d’avoir fait l’objet d’une cinquantaine d’expositions solos en autant d’années de travail. «Ça prend des conservateurs qui ont des couilles pour présenter mes affaires. Trouver quelque chose qui ressemble à Keith Haring, par exemple, c’est sécurisant. Mais moi, je suis vraiment dans le champ.»