MNBAQ / Inspiration Japon : Voyage dans le temps au pays du Soleil-Levant
Arts visuels

MNBAQ / Inspiration Japon : Voyage dans le temps au pays du Soleil-Levant

Les Occidentaux s’intéressaient au Japon bien avant l’américanisation des sushis et les congrès de fanas de mangas. Cet été, le MNBAQ s’intéresse à la mégavague nippone qui a déferlé en Europe et aux États-Unis des années 1860 à la Première Guerre mondiale. 

Pas mal de gens l’ignorent, à commencer par votre humble servante avant de visiter l’expo, mais les empereurs du Japon qui se sont succédé pendant deux siècles ont maintenu une politique nationale d’autarcie. Un repli insulaire interdisant toute forme de commerce avec l’étranger et qui, au départ, a forcé l’expulsion des étrangers qui vivaient au pays. L’embargo des States contre Cuba? C’est presque de la petite bière comparativement à ça.

Mais en 1868, le Japon ouvre ses frontières et le reste du monde découvre une culture riche, jusque-là presque inconnue. Les artistes visuels du temps ne perdront pas de temps pour virer su’l top: l’attraction est forte, l’inspiration omniprésente. «La rareté fait la fascination», explique la directrice des expositions, Anne Eschapasse. Si bien que le japonisme gagne aussi la mode (kimonos, motifs de chrysanthème) et la déco (vases et paravents). En 1891, l’importation d’ombrelles explose avec 16 millions d’unités livrées en Occident. C’est du volume! «L’éventail devient tellement important, devient quasiment une nouvelle forme d’expression. Il y a des impressionnistes, particulièrement Degas et Pissarro, qui exposent à la quatrième exposition impressionniste de Paris une salle entière avec des éventails peints.»

 

Au-delà de la culture pop

Des chefs-d’œuvre, des vrais de vrais consacrés par les historiens de l’art, sont nés de cette tendance-là qui a touché toutes les couches de la société de l’époque. À Québec, on peut en voir quelques-uns, dont Songe d’une nuit d’été (La Voix) d’Edvard Munch. Les longs arbres alignés sont un emprunt direct aux estampes japonaises.

Edvard Munch, Songe d'une nuit d'été (La Voix), huile sur toile
Edvard Munch, Songe d’une nuit d’été (La Voix), huile sur toile

 

Toutes les œuvres de l’exposition présentée au MNBAQ ont été prêtées par le Museum of Fine Arts de Boston. Anna Bursaux, du MFA, était d’ailleurs présente à la visite de presse. «Le MFA a pu organiser cette exposition grâce à sa collection d’œuvres d’impressionnistes, bien sûr, et de sa collection d’art japonais qui est la plus importante à l’extérieur du Japon. En effet, la relation entre le MFA de Boston et le Japon remonte à la fin du 19e siècle. Les grands collectionneurs et les grands mécènes de Boston furent tous à l’origine de cette relation privilégiée entre les deux pays et de la formation de cette collection du MFA.»

Inspiration Japon, ou Looking East dans son titre original, met en parallèle des estampes et de la peinture sur soie authentiques avec les œuvres des artistes occidentaux qui s’en sont directement inspirés. Du nombre: Van Gogh, Monet, Toulouse-Lautrec, Matisse, Degas, Gauguin et Munch.

Extrêmement riche, le corpus tend à illustrer l’impact du Japon sur l’iconographie (le héron, la courtisane, l’éventail), les thèmes (la tendresse maternelle, la vie quotidienne) et la palette de couleurs des créateurs qui fréquentaient surtout les milieux artsy de Paris et New York.

«L’observation émue de la nature», pour reprendre les mots de Mme Eschapasse, est aussi un emprunt direct aux ukiyo-e – les images du monde flottant, pour utiliser la traduction officielle. Claude Monet en était un spécialiste, et sa toile Le bassin aux nymphées (celle de l’affiche!) en témoigne merveilleusement.

Claude Monet, Le Bassin aux nymphéas, 1900, huile sur toile, Donné en mémoire du Directeur Alvan T. Fuller par la Fuller Foundation, 61.959. Photo © 2015 MFA, Boston
Claude Monet, Le Bassin aux nymphéas, 1900, huile sur toile, Donné en mémoire du Directeur Alvan T. Fuller par la Fuller Foundation, 61.959. Photo © 2015 MFA, Boston

Fait pas banal: le MNBAQ étrenne son nouveau système de médiaguide sur tablette numérique avec cette nouvelle exposition. Un programme hyper ludique a d’ailleurs été pensé pour les enfants de 5 à 8 ans, en plus de ceux pour les préados et les adultes.

 

Du 11 juin au 27 septembre

Musée national des beaux-arts du Québec

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