Under Pressure / Melissa Proietti / Sterling Downey : Dialogue en cours
Arts visuels

Under Pressure / Melissa Proietti / Sterling Downey : Dialogue en cours

Rassemblement annuel célébrant les diverses composantes de la culture urbaine, Under Pressure, du haut de ses 20 ans, invite tous les citoyens curieux à son «block party» communautaire annuel, au centre-ville de Montréal.

Par les formes d’art du graffiti, de la danse, du rap, du skate et bien d’autres, se dessine annuellement, depuis 1996, un festival hors normes qui vise, encore et toujours, à démocratiser et démystifier la culture urbaine. Grâce à l’implication de diverses communautés artistiques, la première édition de l’événement fondé par les graffiteurs Seaz et Flow est devenue un rendez-vous annuel autant pour les participants à la culture hip-hop qu’aux citoyens de toutes origines cherchant à discuter avec les membres du mouvement.

À la fin des années 1990, le graffiti a mauvaise mine dans les médias et tant la ville que les autorités connaissent mal le phénomène. Le public ne recevant que l’information véhiculée dans les médias, méconnaît cette culture et associe le mouvement aux gangs de rue et à la violence. Pourtant, il ne s’agit que d’un mode d’expression, une culture bien implantée et underground. Seaz et Flow saisissent l’occasion qui se présente à eux: coin Henri-Julien et Mont-Royal, ils invitent leurs amis et connaissances, et toute la communauté du coin à assister et participer à l’événement ouvert à tous qu’ils mettent en place, dans un terrain vague adjacent à un mur sur lequel ils créent une oeuvre. Aux platines? La future vedette en devenir, A-Track. Au mur? Seaz, Flow et leurs amis. «On a compris très vite que, si on voulait avoir un dialogue avec le public, la meilleure façon de le faire, c’était de faire un événement public, et de permettre aux gens d’entrer directement en contact avec nous pour poser des questions aux participants à la culture», explique Sterling Downey – Seaz -, cofondateur du festival et aujourd’hui élu municipal pour Projet Montréal.

Même son de cloche du côté de Melissa Proietti, responsable de l’organisme CICU (convention internationale de culture urbaine qui chapeaute le festival, la galerie Fresh Paint, et les projets associés dans les écoles et autres organismes) et de l’organisation du festival. Celle qui agit aussi à titre de coordonnatrice des programmes adolescents dans un YMCA, qui est présentement doctorante à McGill et fait ses recherches sur l’effet des graffitis à l’école et des programmes créés pour aider les jeunes, n’hésite pas à rappeler que Under Pressure est un «block party» et qu’il s’inscrit dans un esprit de dialogue entre les citoyens et les communautés, «pour montrer que tout le monde – rappeurs, DJs, graffiteurs, etc. – sont aussi des citoyens. L’idée était d’ouvrir un espace pour créer un dialogue, démystifier le graff, défaire les pensées préconçues.»

Dans la même veine, l’équipe d’Under Pressure valorise le travail des artistes locaux et défend ses intérêts, n’hésitant pas à monter aux barricades lorsque la propriété intellectuelle des artistes est brimée. «C’est notre rôle de garder cet espace ouvert pour les citoyens, poursuit Melissa, pour que notre communauté puisse rester active, dans cet espace de socialisation, et qu’on puisse vraiment être fiers d’où on vient.»

Sterling Downey, de son côté, bien qu’il trouve plutôt drôle que les discussions sur le graffiti, au Conseil municipal, se fassent toujours sans consulter les experts en la matière – dont lui-même, un élu, d’autant plus! -, indique qu’Under Pressure est toujours pertinent, 20 ans après sa création: «Notre rôle, c’est de garantir qu’il y a toujours un dialogue […] pour que les gens puissent poser des questions, et d’avoir une discussion à ce sujet-là, sur l’évolution de cette culture-là, de remettre les choses à leur place. Nous, on est comme les grands frères, les mononcles [aujourd’hui]: c’est ça notre rôle, de toujours garantir qu’on continue à discuter, qu’on continue à défendre les artistes.»

Là où les graffiteurs, les DJs, les MCs, les skaters, les danseurs et autres membres de la communauté se rejoignent, Under Pressure existe, aussi fringant qu’à ses débuts.

Impossible de manquer cette 20e édition de l’événement, alors que les compétitions de danse et Beaux Dégâts se multiplient, que Off the Record explore le vinyle, que Art Attack propose expositions et peintures en direct et que DJ Kool Herc – nul autre que l’homme à l’origine de la culture hip hop – sera du concert de clôture dimanche soir, et feront du festival une rencontre inoubliable. Découvrez aussi les murales créées tout au long d’Under Pressure qui vaudront le détour au cours de la prochaine année.

20e d’Under Pressure

Du 5 au 9 août 2015

Centre-ville de Montréal

Programmation : underpressure.ca

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