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Sucre shack, baby, sucre shack!

C’est urbain, c’est un peu gras, c’est collant et c’est carreauté: c’est la nouvelle cabane à sucre format événement du George V, le traiteur de l’Hôtel Château Laurier.

IMG_3954-1Parce que des fois, on n’a pas d’auto pour aller à Saint-Clin-Clin-des-Meuhs-Meuhs vivre la cabane dans son état naturel, l’idée du Shack à sucre urbain (essayez de prononcer ça avec un bâton de tire dans la bouche, pour le fun) tombe à point.

Et ceux qui se demanderaient un peu mesquinement c’est quoi l’urbanité là-dedans, ben, euh, c’est en ville. Voilà pour l’urbanité. Pis pour pas trop dépayser, on a mis des têtes de chevreuil (pas vivants, bien entendu), du bouleau, des pots Masson et autres items tout droit sortis d’un tableau Pinterest intitulé «chic rustique». Pis c’est très bien comme ça. C’est doux, c’est pas choquant et ça va avec le thème.

Au menu, on profite de twists du chef Heinrich Meesen sur des plats archi connus de la kébanne: potage aux pois jaunes, cretons, omelette et tutti quanti. Les produits locaux sont mis de l’avant, et on s’en réjouit.

À la dégustation d’une partie du menu, lors de la conférence de presse*, j’ai beaucoup apprécié le saumon fumé maison à l’érable (ce qui ressemble à des draps au vent sur une corde à linge, là), qui présentait un bel équilibre entre le croquant de la cuisson à la fumée et la tendreté nécessaire d’un poisson gras.

Parlant de gras, on en trouve sous forme de foie dans l’osso buco de porc et certainement un peu ailleurs aussi. Après tout, la kébanne, ça sert à entretenir notre p’tit tire d’hiver pour ne pas mourir dans un banc de neige de 12 pieds à -42.

IMG_3948-1Et quitte à s’occuper de son surplus pondéral hivernal, je suggère d’y aller à fond la fourchette dans la galette de pommes de terre façon rösti, à laquelle le chef a eu la savoureuse et brillante idée d’ajouter des oreilles de christ. Je pressens qu’il y aura coups de coude, manigances et négociations autour de la table pour attraper le dernier morceau. Celui qui sortira perdant pourra se rabattre sur la barbe à papa à l’érable. Ça soigne bien des déceptions, ça.

Aux dires de l’équipe derrière le concept, le service se fera à l’assiette et non façon buffet. Parfait pour les outremangeurs, les hypocondriaques et les «je veux goûter à tout mais je suis pas pour prendre de tout, voyons, c’est ben trop!». L’assiette contiendra l’ensemble du menu en quantité raisonnable. À moins que vous vous pitchiez dans le bar open de tire d’érable, vous risquez de sortir de là repus, mais sans plus. On est loin de la cabane à Martin, alors que «pantagruélique» semble être un faible mot pour qualifier l’expérience.

Le Shack à sucre urbain, c’est du 13 au 23 mars dans la cour intérieure du Château Laurier. Pour y assister soit en formule dîner (jeudi et vendredi), souper (du jeudi au samedi) ou brunch (fin de semaine), on doit réserver ses billets par Eventbrite. Les enfants sont les bienvenus et un tarif est prévu pour eux (quoique si vous avez des enfants de 6 à 12 ans, il vous faudra débourser un bon petit pécule pour les nourrir).

Brunch et dîner à 45$, souper à 60$, est-ce cher pour de la kébanne? Je ne saurais dire. Certes, c’est plus dispendieux qu’une cabane en campagne, avec chansonnier pas tout à fait sur la note, nappe en plastique et tites soucisses servies dans des pots de margarine (ça fait partie du charme). Si on se dit qu’on est en ville et qu’aller chez Boston Pizza est aussi cher (et plus dommageable pour les reins), on peut convenir que ce n’est pas donné, mais que ce n’est pas un luxe. Comme en toutes choses, faut l’essayer avant de s’prononcer (sauf pour la balade dans l’espace, ça on sait que c’est trop cher; en plus, le wi-fi pogne même pas ben).

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(Pour ceux qui n’auraient pas catché le délicat, délicieux et pas du tout cliché et usé jeu de mots dans mon titre, de 1) ça trahit mon âge et le vôtre, et 2) écoutez la chanson pis essayez de ne pas l’avoir dans la tête.)

*À l’invitation du George V et de Relèvénement, avec FernandezCom