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Messe des Morts avec Samael, Angantyr et Cult of Fire: Retour sur le concert du 4 avril 2015

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La fin de semaine de Pâques est exigeante pour bien des gens. Il faut jongler avec les soupers pascals, l’achat de chocolat au Laura Secord ou à la pharmacie du coin pour le retardataire, la visite imprévue qui se pointe à l’improviste avec son Vinier et cette année, question de nous resserrer encore plus l’horaire, nous avions la Messe des Morts qui en était à sa quatrième édition. Une chance qu’il n’y a pas eu de Cocothon…

Généralement, ce festival de métal noir se déroule en novembre. En 2014, le promoteur Sepulchral Prod s’est rendu à l’évidence qu’il était préférable de déplacer l’évènement de quelques mois, question d’en donner encore plus à sa horde de païens.

Je me suis donc rendu à la dernière soirée du festival, celle du samedi qui se déroulait au Théâtre Plaza, sur St-Hubert. Cette salle de spectacle revêt un certain cachet et il est rare que des célébrations musicales extrêmes y soient présentées.

En ce samedi de Pâques, l’amateur de métal avait un autre choix face à sa programmation car Electric Wizard était aussi à Montréal. Avec une absence de 13 ans face à une visite ici, on comprend rapidement que le concert d’Electric Wizard affichait complet. Pour ce qui est de cette troisième soirée de la Messe des Morts, la salle se voulait plutôt bien remplie et des visiteurs d’un peu partout étaient présents pour voir et entendre une programmation axée sur les arts noircis du métal.

Après avoir acquitté mon droit de garde face à mon veston printanier, j’ai eu accès à la salle de spectacle pour assister aux trois dernières chansons d’Abazagorath. Ce groupe américain en est à sa seconde décennie d’existence et leur black métal mitraillait profondément.  Le trio a pulvérisé mon ouïe grâce à sa rapidité et son côté acidulé. Le chant du batteur Warhead était incisif, tout comme la sonorité de la guitare.

Changement d’attirail pour laisser place au groupe suivant, Mitochondrion. Ce groupe allie avec passion l’était brut du death métal avec l’agitation du black métal pour créer un métal qui se veut orignal et enivrant. Rappelant au passage le touillage d’Ulcerate, ce groupe canadien s’est retrouvé avec de nombreuses personnes à leur comptoir de merch et quelques aventuriers ont même opté pour l’achat du t-shirt blanc à l’effigie du groupe. Quand tu parles d’un contraste…

Les changements entre les groupes sont d’une durée d’environ 10 minutes, ce qui se veut très rapide. Le temps de refaire le plein de houblon, de jaser avec les copains et le tout reprend. Il est avantageux pour le public d’avoir de courtes interruptions mais le fumeur qui doit se rendre à l’extérieur se sent pressé par ce phénomène qui n’arrive que très rarement lors des concerts où plus de trois groupes doivent jouer. Il faut souligner que tous les groupes, à l’exception de Samael et Cult of Fire, se partageaient énormément d’équipement.

La formation qui m’a complètement assommé est Angantyr. Battant le pavillon danois, ce groupe est le projet d’un seul homme, Jakob « Ynleborgaz » Zagrobelny. Il partage donc la scène avec ses compatriotes de Make a Change… Kill Yourself qui jouait la veille. Angantyr a offert une bonne leçon de black métal, du pur et du dur. De bons riffs, de la rapidité et de bonnes ambiances. Malgré sa propension face à une livraison sonore plutôt cruelle, la joie était palpable dans la salle et même sur la scène. Lorsqu’Ynleborgaz soufflait dans sa corne d’appel entre les chansons, nous sentions que l’unification avait lieu et que nous ne formions qu’un seul bouillon infernal dans cet immense chaudron d’assouvissement… et de houblon! Avec son allure cadavérique, le bassiste Vrede avait l’air d’avoir été fraichement déterré du cimetière Mont-Royal pour l’occasion.

Avec la session de dévotion que nous venions de vivre avec Angantyr, j’ai trouvé que la présence de Merrimack semblait un peu terne et manquait de vigueur. Le groupe français a tout de même proposé son métal noirci au public mais je crois que je n’étais pas le seul à sentir qu’après la tornade Angantyr, la prestation de Merrimack manquait de tonus.

Lorsque l’équipe de Sepulchral a annoncé la présence de Samael, j’étais dubitatif (mais très heureux!) face à ce choix. Habituellement, le producteur montréalais offre surtout des artistes black métal qui se veulent plutôt extrême. Samael, depuis une bonne quinzaine d’années, offre un métal qui se veut beaucoup plus électronique et accessible. Ouverture d’esprit évidente de la part de l’organisation mais il faut comprendre que le groupe proposait son album Ceremony of Opposites en entier en guise de concert.

Samael était un groupe aux racines très enfoncées dans le métal noir. C’est avec cet album que la progression vers un style plus électronique a débuté. D’entendre cet album en entier a été très profitable pour de nombreuses personnes. L’accueil face au groupe a été des plus chaleureux. Les deux frères Xy et Vorph en plus du guitariste Makro et le nouveau bassiste Drop semblaient enjoués face à l’accueil réservé.

Performance adroite de la part du groupe, le timing parfait face à l’interprétation nous a permis d’effectuer de nombreux hochements de tête approbateurs lors de cette cérémonie. Le son était opaque et nous englobait. Les pulsations électroniques nous pénétraient par le bas des jambes pour nous ressortir par la tête. Xy tapait sur ses cymbales et ses toms tout en manipulant son clavier adroitement tandis que le reste de la troupe se débrouillait avec la rythmique, question de nous assommer.

Après l’interprétation de l’album en entier, Samael y est allé avec quelques pièces de l’album Passage dont Jupeterian Vibe, Rain et Shing Kingdom. Ensuite, Samael a proposé Of War du dernier album Lux Mundi, Rebellion qui vient du mini-album du même nom en plus de revenir avec une chanson du dernier album, The Truth is Marching On. Cette dernière se voulait plus vigoureuse que les précédentes, laissant un sentiment de satisfaction pour certains qui commençaient à sentir que les rythmiques électroniques devenaient un brin lourdes.

La veille, la formation Cult of Fire de la République Tchèque n’a pu jouer lors de la soirée du vendredi. Le groupe était présent mais comme il arrive bien souvent lors de vols internationaux, bagages et équipement étaient perdus… à quelque part!

La situation étant réglée, Cult of Fire a pu jouer samedi, après Samael, vers minuit et des poussières. L’attirail de scène se voulait imposant pour le groupe qui avait des tables remplies de chandelles et d’immenses contenants d’encens qui laissaient sortir une épaisse fumée au parfum douillet. Devant le pied de micro, deux faux entrecroisées nous laissaient comprendre que le tout allait être digne d’un culte. Avec une présence scénique qui allie la fougue théâtrale de Portal avec la dimension ecclésiastique de Ghost, la troupe a fait son tour de chant sous l’habit typique du moine.

Nous venions de tomber en mode dimanche et le système d’autobus et de métro a fait que de nombreuses personnes ont dû déclarer forfait face au groupe. Ceux qui y sont demeurés ont eu droit à une leçon de brutalité, sombre mais plutôt envoutante.

Une prochaine Messe des Morts est déjà en préparation pour le mois de novembre. Ce festival demeure avantageux et se veut maintenant un rendez-vous incontournable pour ceux et celles qui apprécient un métal plus extrême, plus noir et recherché. Si tu te mets en mode découvertes, tu en ressors conquis.

Je vois encore sur les réseaux sociaux les badauds qui se plaignent qu’il n’y a pas assez de black métal au Heavy Montréal… faites comme les chandelles sur la table de Cult of Fire et… allumez!

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MDM
Photo : Myriam Francoeur