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Motörhead: Retour sur le concert avec Anthrax et Dance Laury Dance (Le 18 septembre 2015)

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Nos artistes favoris, ceux et celles que nous chérissons depuis des lustres, prennent de l’âge. Les nombreux abus ont fini par en chopper quelques-uns tandis que d’autres en paient le prix. L’âge avance, les pépins reliés au vieillissement prennent d’attaque des êtres que nous pensions immortels.

Nous sommes tous vulnérables, fragiles, mortels… Même si le personnage de Steve Buscemi dans Airheads déclarait que « Lemmy is GOD! », nous avons pu constater dernièrement que sa santé n’avait rien de celle d’un dieu intouchable. Avec les deux annulations il y a à peine deux semaines, nous étions en mode interrogation face à la présence de Motörhead à Montréal.

Après avoir reçu l’approbation de son docteur, Lemmy a pu reprendre la route et le concert de Montréal a bel et bien eu lieu dans un Olympia qui affichait complet. La revente de billets se faisait à gros prix hier. Un revendeur, ou scalpeur pour les initiés, offrait même 100$ à ceux qui désiraient vendre leur billet. La revente se faisait au double par la suite. Le filon avait été bien flairé par les commerçants de la revente, étant donné qu’il y a de fortes chances que cette visite de Motörhead soit la dernière du groupe, qui fermerait les livres après 40 ans de métier.

Ceux qui étaient présents ont agi comme si c’était le cas mais sans le souhaiter par contre. L’accueil réservé au groupe a été magistral, la foule scandait le nom de Lemmy lors de la montée de la toile d’arrière-scène de Motörhead qui laissait paraitre la mascotte du groupe, le Snaggletooth.

« Voyons Montréal! On se croirait à Longueuil un lundi matin! Motörhead et Anthrax! Come on! »

-Max Lemire, Dance Laury Dance

Est-ce que Lemmy a des enfants illégitimes un peu partout sur la planète? Si l’on se fie à sa biographie, il est fort à parier que oui étant donné que sa vie n’était que débauche, soulerie et ce qui vient avec. Mais une chose est certaine, un des enfants illégitimes du groupe se veut la formation Dance Laury Dance de Québec. Fils de la descendance directe de Motörhead, les rockeurs de la Vieille Capitale avaient la lourde tâche d’ouvrir pour la bande à Lemmy. Une certaine dose d’adrénaline, de nervosité et de fierté semblait planer dans le camp de DLD car lorsque tu partages la scène avec un groupe que tu vénères, il y un petit velours additionnel. De sentir que ce concert pourrait devenir historique devait ajouter un léger stress à Dance Laury Dance. C’est avec un aplomb certain, une décadence palpable et des propos sans subtilités que le groupe a joué. Les trente minutes accordées à la formation se sont déroulées sans anicroche. Les horns du chanteur Max Lemire suivaient le poignage de poche, le crachat et les gestes obscènes sur le micro sous les impulsions du groupe. Du rock chaleureux et suintant, offert par des musiciens au sourire grandement visible, même du balcon!

Les lumières se sont fermées lorsque la scène se voulait prête pour la présence d’Anthrax. Le mix de la soirée a laissé place à la pièce de Black Sabbath (époque Dio) « The Mob Rules », qui a bénéficié d’un volume plus élevé, nous laissant comprendre que la venue d’Anthrax serait imminente.

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Deuxième visite pour le groupe en 2015, la dernière étant celle avec Volbeat en mai dernier. Il était intéressant de voir un membre d’Anthrax de retour! Le batteur Charlie Benante prenait place derrière les tambours d’Anthrax, ce qui n’était pas le cas lors de leur dernière visite étant donné que Benante devait subir une opération à la main.

Anthrax a présenté un éventail intéressant de sa carrière, commençant le tout avec Madhouse, suivie par Caught in a Mosh et Got the Time. Depuis quelques années, le groupe porte un genre d’uniforme, c’est-à-dire que chaque membre porte le même type de t-shirt ou chemise. Nous avons vu passer avec les années les chandails avec le logo du groupe en fusion avec un pentagramme, le shirt de type baseball, celui avec les numéros au dos et hier, c’était une chemise de type western, un modèle qui plairait probablement à MC Gilles!

En position, les musiciens d’Anthrax nous offrent le même programme depuis des lustres. C’est un Frank Bello entrainant qui motive la foule, Joey Belladonna qui pointe les gens devant lui entre deux couplets, Scott Ian se brasse la barbichette en gambadant et le dernier venu, Jon Donais, demeure concentré sur son jeu mais se laisse grandement brasser la caboche lors des chansons phares du groupe. Il faut comprendre que ce jeune homme tire un malin plaisir face à cette chance plutôt unique de jouer sur scène avec l’un des groupes qui a su influencer son jeu. Maintenant membre de ce groupe qu’est Anthrax, on comprend qu’il en retire un plaisir fou!

Il est difficile de comprendre pourquoi certains participants ont tenté d’atteindre Scott Ian avec un verre de bière et ce, à deux reprises. D’avoir une poupée gonflable qui fait du body surfing passe le test mais de viser Ian avec une bière est de mauvais goût. Si la cible avait été atteinte, les conséquences auraient pu être catastrophiques…

Antisocial est un incontournable du groupe mais à la longue, je crois que de ne plus l’avoir en concert ne me ferait pas de mal. D’entendre Medusa, de l’album Spreading the Disease, nous a prouvé qu’Anthrax peut sortir de sa zone de confort et offrir des chansons un peu plus obscures face à son nouveau public et, par le fait même, satisfaire les amateurs des premiers jours. Personnellement, je te changerais un Antisocial pour un bon vieux A.I.R ou même Be All End All, qui provient aussi de State of Euphoria, tout comme Antisocial!

En ce qui concerne le dernier album du groupe, Worship Music, deux chansons ont été jouées hier soir. Fight Em’ Til you Can’t et In the End, avec les deux toiles aux couleurs de Dio et de Dimebag, le nouveau classique d’Anthrax lors des concerts.

Quand tu connais bien Anthrax, tu comprends aisément que leurs plus grands succès sont justement des interprétations. Got the Time est une chanson de Joe Jackson et Antisocial en est une de la formation française Trust. Il y a aussi Bring the Noize de Public Enemy mais cette pièce ne s’est pas retrouvée sur la liste hier soir. C’est plutôt Neon Knights de Black Sabbath qui a été jouée. Dédiée à Mikkey Dee, batteur de Motörhead, nous avons compris lors de sa présentation que c’était lui le responsable face à la présence d’Anthrax sur cette portion de la tournée.

Indians a mis un terme à la prestation d’Anthrax avec un circle pit qui comprenait quelques amateurs qui ont tournée à la manière habituelle, question d’échauffer l’air qui se voulait déjà chaud, sale et très humide.

Scott Ian s’est adressé à la foule, à la toute fin, pour nous confirmer que l’enregistrement du nouvel album était bel et bien terminé et que la nouvelle galette était pour sortir d’ici peu!

La foule compactée, les mouvements demeuraient difficiles et les déplacements au niveau de la salle de bain devaient se faire à ce moment, question de ne rien manquer. La température plus que clémente tout au long de la semaine et plus particulièrement en ce vendredi fait que les participants ont trainé sur les terrasses du centre-ville à picoler grandement avant le concert. Les esprits étaient déjà échauffés à la fin d’Anthrax. Ça faisait un bon bout de temps que je n’avais pas vu une prise de bec lors d’un concert mais hier, près du bar à gauche, il y a eu une escarmouche. Solide même.

En entrée de scène, la foule regardait Lemmy. Un regard inquiet à la base mais rempli de respect par la suite. D’avoir cet homme qui a donné sa vie pour le rock et qui l’a fait sans courbette, la face contre vent et marrée, mérite un immense salut de la part des amateurs de musique rock, métal, punk ou peu importe la sous-couche. Lorsque Bomber et Stay Clean ont été terminées, c’est avec un soulagement palpable que la foule pu vraiment se laisser aller. Lemmy semblait plus frêle qu’à son habitude mais lorsque le regard se tournait vers Mikkey Dee, on retombait en mode vigueur car ce batteur bat les peaux comme si chaque coup devait sonner plus fort que le précédent.

On remarquait aussi que le guitariste Phil Campbell ne peut plus se laisser aller uniquement à son jeu. Il doit jeter un coup d’œil plutôt régulier face à Lemmy, question de vérifier si la vitesse est la bonne pour lui et de confirmer si Kilmister tient le coup. De voir Campbell être aussi à l’affut face à Kilmister nous laisse comprendre que c’est avant tout une question d’amitié et de pure camaraderie qui flotte dans le groupe. C’est une histoire face à des gars qui tiennent la route depuis très longtemps tout en sachant que cette dernière tire probablement à sa fin…

Metropolis, The Chase is Better than the Catch, Lost Woman Blues et Doctor Rock nous ont amené vers un solo de percussions qui se veut important pour deux bonnes raisons: La première étant que Mikkey Dee est un batteur précis et spectaculaire. Son équipement n’a pas besoin de quitter la scène pour traverser la foule pour que l’on puisse apprécier son style acrobatique. Ensuite, ce solo permet à Lemmy de faire un tour en arrière de la scène, question de reprendre quelques forces pour mieux terminer le concert car après ce solo, Motörhead propose immédiatement sa pièce la plus prisée, Ace of Spades. Jouée de façon plus mesurée pour Lemmy, il demeure qu’elle est facilement reconnaissable malgré un tempo plus lent.

Avec 55 minutes de concert, incluant la dernière chanson du lot, No Class en plus d’Overkill en rappel, on ne pouvait en demander plus à Lemmy. Personne n’est ressorti de l’Olympia avec un goût amer au fond de la gorge. C’est plutôt avec un sentiment d’avoir vécu un évènement unique que l’amateur a repris le chemin de la maison ou… celui des bars!

Photos : Kristof Gagné
Il a une galerie de photos sur son blogue, juste ICI!

www.imotorhead.com

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