Satellite 418

Le problème avec Radio Radio

RadioRadio

Inbox – Microsoft Outlook
André Péloquin, 11h09
Objet : Nouvelle toune de Radio Radio

Un lien Youtube puis ma réponse comme un shotgun rapide.

« On it les amis. »

J’ai toujours aimé Radio Radio. Leurs beats dansants, leurs mélodies « radiogéniques », leur coolissime façon de prendre la parole au nom des chiacs. D’un point de vue strictement socio-anthropo-linguistique, le désormais duo fascine.

Assez pour garantir une couverture médiatique jusqu’à la mort du projet? Je pense que oui. Pourtant, Radio Radio ne semble plus miser sur son accent chantant et ses régionalismes colorés. C’est fini ce temps-là.

Ça m’a apparu évident peu après avoir cliqué sur le triangle gris du player Youtube : stylisme vulgaire et démodé, moues de lip gloss façon duckface (3 :14), bikini à queue de léopard (0:23), érections suggérées (1 :42), hot dog croqué de manière assez suggestive merci (0:30), sexe féminin illuminé par une lampe de poche à la forme phallique (2 :29).

Citation fictive du réalisateur : « Aie les dudes, j’ai une idée. On va vous déguiser en braconniers pis vous allez chasser des belles filles aux jambes huilées. Ça va être vraiment original. »

Si je m’imagine la réunion de prod du clip sans mal, j’ai de la difficulté à comprendre pourquoi leur entourage n’avait pas osé les mettre en garde contre les maudites féministes névrosées qui allaient voir ce pseudo hommage au Safari Disco Club de Yelle. En fait j’ignore si quelqu’un dans l’équipe de Radio Radio a osé les contredire parce que leur flair les a jusque là bien servis en terme de ventes de billets de shows.

Et pourtant, ils se plantent royalement avec ce vidéoclip qui introduit la campagne promo de leur quatrième album complet. Leur plus récent vidéoclip n’a pas grand-chose à envier à ceux de 50 Cent. Au rayon des figurantes légèrement vêtues, en tout cas.

Est-ce vraiment si différent en termes d’images si on coupe le son?

Peut-être un peu. 50 Cent avait au moins le souci de se mettre en bedaine, lui. Pas comme les garçons de Radio Radio qui boutonnent leurs chemises jusqu’au cou pour aller chasser la chixx comme des Indiana Jones de la pitoune.

J’ignore pourquoi personne n’a soulevé le point encore. Est-ce que Jacques Doucet et Gabriel Malenfant sont des intouchables? Trop talentueux et populaires pour s’attirer les moindres critiques négatives? 

Moi je refuse de cacher  mon malaise. C’est cliché, mais pas forcément hot et même si ces mannequins sont clairement bâties pour veiller tard.  Si le clip pour le single Ej feel zoo me dérange, c’est parce qu’il n’est d’aucune subtilité et d’une rare inélégance comparativement à ce qui se fait sur la scène musicale québécoise. Les femmes sont moins habillées mais aussi placées en position d’infériorité évidente, traquées comme des proies par deux types aux ongles longs armés de fusils. Ces femmes (quoique consentantes) sont, à mon sens, rien d’autre que des faire-valoir pour les deux MC. Les plans flous et la boucane n’apportent pas au film le petit côté artsy escompté. Ce n’est pas assez pour faire oublier la grossièreté du concept de ce vidéoclip.

Est-ce que le cool passe uniquement par des clips calqués sur les rappeurs et pop stars américains? Est-ce que la musique de Radio Radio et les foufounes viendront en paquet de deux à l’avenir?

J’entends déjà leurs attachés de presse les défendre en me disant que c’est à prendre au deuxième niveau. Un filon qui, à mon sens, appartient déjà clairement à Bengee. Et dans son cas c’est tellement clair qu’on voit les ficelles pendre. Je crois cependant que c’est ce qu’il faut faire si on veut lancer un message clair et éviter toute ambiguïté.

Espérons seulement qu’il s’agit uniquement là d’une simple erreur de parcours et non d’une nouvelle direction artistique pour les photos, mise en scène de spectacles et vidéoclips à venir pour Radio Radio. Le cas échéant, je pourrais enfin m’expliquer le départ d’Arthur Comeau.