Cinémaniaque

Se faire voir ailleurs

Mercredi dernier, au moment d’aller sous presse, le Festival international du film de Toronto, ou le TIFF si vous préférez, annonçait sa programmation. Avec un mélange de joie et de déception, plusieurs ont noté que le TIFF mettait davantage de l’avant le cinéma québécois que le FFM. Ainsi, sept longs métrages d’ici, dont Inch’Allah d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Tout ce que tu possèdes de Bernard Émond, avaient été retenus par l’un des plus prestigieux festivals de films du monde… tandis que le malmené et mal-aimé Festival des films du monde se contentait de deux, soit Karakara de Claude Gagnon et Boucherie halal de Babek Haliassa.

Nul n’est prophète en son pays, vous me direz, mais avouez que ce serait chouette de pouvoir célébrer le talent des Manon Briand (Liverpool), Denis Côté (Bestiaire), Xavier Dolan (Laurence Anyways), Kim Nguyen (Rebelle) et Rafaël Ouellet (Camion) chez nous lors d’une grande manifestation cinématographique, non? Certes, cela fait autant plaisir de savoir qu’ils auront le privilège d’aller briller ailleurs, mais ce n’est pas donné à tous de se promener d’un festival à l’autre – même dans la Ville Reine qui n’est pourtant pas si loin.

Comme on le constate de plus en plus chaque année, l’industrie d’ici tourne le dos au FFM. Bon nombre de distributeurs préfèrent se passer de ce tremplin pour leurs films afin de ne pas y être associés. Devrions-nous taper sur les doigts des médias qui soulignent les mauvais coups dudit festival ou bien blâmer la programmation qui multiplie les films obscurs signés par d’illustres inconnus dont on n’entend plus jamais parler après la clôture de l’événement?

Bon, vous trouvez que j’exagère? Que je suis cynique? Blasée? De mauvaise foi? Si c’est le cas, je ne suis certainement pas la seule… L’an dernier, un ami cinéphile me confiait qu’il avait vu tous les films en compétition au FFM avec un camarade: «Qu’est-ce qu’on a perdu notre temps!» s’est-il écrié. Ce qui est triste, ce n’est pas qu’il ait perdu son temps, c’est qu’il ne soit pas le seul à penser ainsi. Cependant, donnons la chance au coureur et espérons que la présence de jeunes spectateurs, auxquels Serge Losique a eu la bonne idée d’offrir l’entrée gratuite, redonne au FFM son «oumpf» d’antan. De grâce, ne me traitez pas de nostalgique, ce n’est pas le genre de la maison.

En attendant que la réconciliation se fasse entre le FFM, le milieu et les médias, on jase, là…, un petit festival, s’étant notamment inspiré de Sundance, a compris qu’il fallait saluer nos artisans. Ainsi, pour sa deuxième édition, le Festival du film des Cantons-de-l’Est, qui a pour égérie Pascale Bussières et Claude Chamberlan comme conseiller artistique, présentera plusieurs films québécois, dont Camion en ouverture.

Parmi les cinéastes présents, mentionnons Paule Baillargeon (Trente tableaux), Yanick Létourneau (Les États-Unis d’Afrique) et Simon Gauvin (Appalaches). Le court métrage sera aussi à l’honneur: les cinéphiles pourront notamment voir les magnifiques Next Floor, de Denis Villeneuve, et Trotteur, d’Arnaud Brisebois et Francis Leclerc. Renseignements: festivaldufilmdescantonsdelest.com

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Z’aimez les zombies? Eh bien, sachez que ce vendredi, au 3e festival Mascara & Popcorn, lequel se tiendra du 16 au 19 août, sera présenté Blaise, de Geneviève Sénécal, réalisatrice, scénariste et agente des productions Joblo, firme se spécialisant dans les effets spéciaux depuis 2007. D’une trentaine de minutes, Blaise raconte le combat d’un garçon de 17 ans contre une horde de zombies. Renseignements: mascara-popcorn.blogspot.ca

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Coup de cœur / Je sais, j’arrive en ville un an après tout le monde, mais je voulais tout de même partager avec vous le bonheur que j’ai eu en regardant en rafale la sublime télésérie Mildred Pierce de Todd Haynes, laquelle n’a rien à voir avec le mélo noir de 1945 avec Joan Crawford. Magnifiquement photographiée par Edward Lachman, cette somptueuse adaptation du roman de James M. Cain met en scène Kate Winslet, au sommet de son art, dans le rôle d’une mère orgueilleuse et déterminée dans l’Amérique de la grande dépression.

Haut-le-cœur / Il y a des jours où je me dis que le métier de critique de cinéma nous amène à voir bien des navets par semaine… Ainsi, samedi dernier, curieuse de voir de quoi était capable Christian Clavier derrière la caméra, j’ai regardé On ne choisit pas sa famille où il incarne un concessionnaire devant se faire passer pour le mari de la compagne (Muriel Robin) de sa sœur (Héléna Noguerra) afin qu’elles puissent adopter une petite Thaïlandaise. Jean Reno est aussi de la partie. Réalisation bâclée, gags tombant à plat et cabotinage outrancier de Clavier. Bref, nullissime.