Cinémaniaque

Je vous écris de Toronto

Alors que mes confrères glamours courent les tapis rouges en dignes chasseurs de stars qu’ils sont, moi, à l’instar de mes confrères plus discrets de la presse écrite, je foule les tapis gris d’hôtels pour enchaîner les tête-à-tête avec des réalisateurs et quelques acteurs qui veulent bien encore offrir de leur précieux temps à nous, pauvres scribouillards.

J’ai demandé à mon confrère du Devoir Martin Bilodeau s’il avait, comme moi, l’impression que le Festival de Toronto prenait chaque année de l’ampleur. Il m’a répondu qu’en fait, c’était le nombre de journalistes qui ne cessait d’augmenter… ce qui avait pour effet que les stars, comprendre les acteurs américains, étaient de moins en moins accessibles. Parlez-en aux attachées de presse et aux journalistes québécois qui se font damer le pion par la grosse machine américaine…

En faisant le plein d’entrevues en prévision des sorties de films, on manque parfois le bateau. C’est ainsi que j’ai raté la projection du très attendu The Master de Paul Thomas Anderson. La raison? Ce matin-là, je rencontrais Michael Haneke, lauréat de la Palme d’or pour Amour, et Salman Rushdie pour l’adaptation de son roman Midnight’s Children par Deepa Mehta. Comme vous le savez sans doute, le TIFF est un véritable casse-tête tant il y a de bons films à voir et d’invités de marque à rencontrer.

J’ai eu un petit pincement au cœur en apprenant quelques heures plus tard que Paul Thomas Anderson avait remporté le Lion d’argent à Venise, tandis que Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix se partageaient le prix d’interprétation masculine. Je me suis consolée bien vite en me rappelant que The Master allait prendre l’affiche le 28 septembre, Les Films Séville s’en étant portés acquéreurs.

80 x 60 secondes

En juillet, dans cette chronique, j’annonçais le party d’inscription au M60, le Festival de films de 60 secondes. Les cinéastes amateurs et professionnels s’y étant inscrits recevaient le thème à exploiter, «Faux pas», et disposaient ensuite d’un mois pour réaliser leur court métrage. Les 12, 13 et 14 septembre à Excentris, vous pourrez enfin voir le travail des 80 réalisateurs sur grand écran. Renseignements: m60.ca.

Isacsson en deux temps

Afin de rendre hommage au documentariste Magnus Isacsson, décédé le 2 août dernier, la Cinémathèque québécoise présentera deux de ses œuvres marquantes. Ainsi, le jeudi 13 septembre, sera projeté l’un de ses films préférés, Enfants de chœur! (1999), où il suit durant des mois la chorale de l’Accueil Bonneau. Coréalisé avec Simon Bujold, L’art en action, où il expose le combat politique des fondateurs de l’ATSA (Action terroriste socialement acceptable), sera présenté le jeudi 20 septembre. Renseignements: cinematheque.qc.ca.

Coup de cœur: En mai dernier, alors que j’étais à Paris pour rencontrer des réalisateurs français, ma consœur du Devoir Odile Tremblay et moi sommes allées voir Bullhead de Michael R. Roskam. Le choc qu’on a eu! Quel film! Et quel acteur! Son nom: Matthias Schoenaerts! Quelques jours plus tard, re-choc en le retrouvant auprès de Marion Cotillard dans De rouille et d’os de Jacques Audiard. En attendant que ce superbe film prenne l’affiche, le Cinéma du Parc a eu la bonne idée d’ajouter à sa programmation Bullhead (voir critique dans nos pages). Quant à Matthias Schoenaerts, avec le talent et la gueule qu’il a, en plus de maîtriser l’anglais et le français (il est Flamand), ça ne m’étonnerait pas qu’il se retrouve au firmament des stars très bientôt. Pour ma part, j’étais bien heureuse de rencontrer plus tôt cette semaine celui que je surnomme affectueusement mon Brad Pitt belge.

Haut-le-cœur: La rumeur courait depuis le Festival de Cannes. Et vlan! La nouvelle est tombée à peine le Festival de Toronto commencé. Détenue par la société britannique Marwyn Investment et possédant un siège social à Toronto, la société eOne, qui contrôle les distributeurs montréalais Christal Films et Les Films Séville, est devenue propriétaire d’Alliance Vivafilm. Bonne nouvelle? Pas selon Louis Dussault de K-Films Amérique. Au journaliste Alexis Gagnon de Qui fait quoi, Dussault a expliqué qu’il craignait que cela ne nuise à la distribution des films québécois: «Les 100 millions de dollars investis par la défunte SGF n’auront servi à rien, sinon à abdiquer une place encore plus grande aux produits américains et à favoriser Toronto, a-t-il dit, avant d’ajouter que le timing de l’annonce, trois jours après l’élection générale, en plein «vide de pouvoir», révélait un opportunisme «troublant» de la part des acheteurs. Un dossier à suivre…