Cinémaniaque

La liste du vendredi: Cinq films en souvenir d’Hélène Loiselle

Avec les Denise Morelle, regrettée Dame Plume, et Kim Yaroshevskaya, éternelle Fanfreluche, Hélène Loiselle, disparue le 8 août à 85 ans, est sans doute l’une des actrices qui a le plus marqué l’imaginaire des gens de ma génération grâce à ses rôles de vilaines sorcières, à sa Madame Pointu dans Les Oraliens et à son Antoinette Orthographe dans Le Grenier.

Comme le rappelait hier mon confrère Philippe Couture, cette dame réservée était avant tout une grande femme de théâtre. Je n’ai pu que la voir une seule fois sur scène, au TNM, en 1994, dans En pièces détachées de Michel Tremblay, d’après la mise en scène de René-Richard Cyr. Elle y incarnait Albertine aux côtés de Sylvie Drapeau et de Luc Proulx. Son interprétation m’a à ce point saisie que chaque fois que je parcours de nouveau Les Chroniques du Plateau, la mère de Thérèse a la voix et les traits d’Hélène Loiselle.

Au cinéma, cette grande actrice a laissé sa marque en jouant dans deux des plus grands films québécois, Mon oncle Antoine de Claude Jutra et Les Ordres de Michel Brault. Catherine Martin lui a également confié de beaux rôles à la mesure de son talent dans Mariages (2001) dans Dans les villes (2006). On a aussi pu la voir ces dernières années dans les courts métrages Une chapelle blanche de Simon Lavoie (2005) et Gilles de Constant Mentzas (2008).

Mon oncle Antoine, drame de mœurs de Claude Jutra (1971)

La veille de Noël, un garçon de 15 ans (Jacques Gagnon) accompagne son oncle croque-mort (Jean Duceppe) afin d’aller chercher le corps d’un enfant décédé plus tôt dans la journée. Dans ce chef-d’œuvre illustrant de façon pittoresque le quotidien des habitants d’un village minier isolé, Hélène Loiselle arrache les larmes par son interprétation bouleversante d’une mère endeuillée.

Françoise Durocher, waitress, court métrage d’André Brassard (1972)

Écrit par Michel Tremblay et André Brassard, ce percutant court métrage met en scène la crème des actrices québécoises, dont Rita Lafontaine, Sophie Clément, Monique Mercure et Louisette Dussaut, dans la peau d’une serveuse, barmaid ou hôtesse. Hélène Loiselle y campe avec un naturel désarmant une hautaine hôtesse.

Les Ordres, drame historique de Michel Brault (1974)

Film coup de poing tourné à la façon d’un documentaire, ce chef-d’œuvre suit le parcours de cinq personnes arrêtées et incarcérées pendant les événements d’octobre 1970. Dans le rôle de la femme de Jean Lapointe, remarquable, Hélène Loiselle joue avec une vérité à couper le souffle.

Post mortem, drame de Louis Bélanger (1999)

Dans cette histoire d’amour insolite et troublante entre une jeune femme laissée pour morte  (Sylvie Moreau) et un employé de la morgue (Gabriel Arcand), Hélène Loiselle incarne avec aplomb une folle de Dieu.

La bouteille, comédie dramatique d’Alain Desrochers (2000)

Retrouvant son partenaire des Ordres, Jean Lapointe, Hélène Loiselle interprète avec sensibilité une femme dont la vie routinière est bousculée par l’arrivée de deux amis d’enfance (Réal Bossé et François Papineau) venus chercher dans son jardin une bouteille contenant leurs rêves qu’ils y ont enterrée lorsqu’ils étaient jeunes.