Dans un Galax près de chez vous
Complètement Martel

Dans un Galax près de chez vous

 

C'était il y a quelques semaines. Un lundi soir vers 23h. On était une quarantaine de personnes, pour la plupart des gars, et on attendait patiemment que minuit arrive. Dans moins de 60 minutes, le nouveau Mortal Kombat allait se retrouver entre nos mains.

Il y avait des étudiants, des geeks dignes des meilleurs clichés télévisuels, un gars qui travaille comme facteur, un autre qui est barman, bref, de tous les genres. Brass, le boss de la boutique, avait eu comme idée d'organiser un tournoi de Mortal Kombat – la version qui avait paru sur Nintendo 64 – afin de nous faire patienter.

On était tous là à regarder Carlos sacrer une volée à tous les aspirants combattants et, tout d'un coup, comme par magie, le temps d'un "finish him", on s'est retrouvés projetés dans le passé, à la belle époque du Galax.

Il manquait le gars pas fiable qui t'échangeait des jetons contre ton argent, le vendeur de hasch qui jouait au pool, le nuage de fumée de cigarette qui était partie prenante du décor, les jeunes wannabe motards qui se la pétaient sur l'album noir de Metallica, les ados au bord du bad trip qui vraisemblablement regrettaient d'avoir fait trop de mess, mais on se sentait quand même au Galax.

Juste le fait d'être là à regarder de meilleurs joueurs que nous s'adonner à un ballet pas possible de combos, de special moves et de fatalities suffisait à nous replonger en 1993. Pendant quelques minutes, notre cerveau mettait de côté nos soucis actuels pour s'adonner à nos questionnements d'autrefois. Combien d'heures ce gars-là a pu jouer pour être bon de même? C'est quoi ce combo-là?

Et puis minuit a sonné. On a tous eu notre exemplaire du nouveau Mortal Kombat et on est repartis à la maison. Certains ont joué en compagnie d'un chum, d'autres, comme moi, se sont émerveillés seuls dans leur salon.

Les arcades puaient, fourmillaient de gens peu recommandables, mais on était ensemble. C'était déjà pas mal.

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LES FINS DU MONDE. Là, je sais que mon collègue David Desjardins va être découragé, mais que voulez-vous, c'est plus fort que moi, j'ai envie de parler de la fin du monde.

L'affaire, c'est que, qu'on le veuille ou non, une fin du monde, c'est toujours un peu excitant. On a beau ne pas trop y croire, reste que le jour où elle est prévue, on a une petite pensée pour elle. L'effet est encore plus le fun quand le freako qui l'a prédite a même devancé l'heure de l'apocalypse. À un moment donné, tu es en train de boire ton café en te disant que peut-être tout va sauter, et quelques gorgées plus tard, tu checkes l'heure et tu te rends compte que finalement, le gars s'est complètement planté.

J'aime ça les fins du monde parce que c'est une belle occasion de faire une pause et de poser un regard sur son existence. Et puis, c'est une belle excuse pour vider quelques bières. La veille, on se dit que ce sera peut-être notre dernière soirée, et le lendemain, on célèbre notre survie. Quand on y pense, c'est rare qu'on a une aussi bonne raison de faire la fête.

Par contre, et vous en savez probablement quelque chose, ça ne marche pas comme ça pour toutes les fins du monde. En fait, la première n'est jamais agréable. Sur le coup, tu penses que tout va s'arrêter là, et même si les plus vieux te disent de ne pas capoter, tu y crois dur comme fer. Tu te dis que si quelqu'un a pris le temps de le prédire, c'est que c'est forcément vrai.

Ensuite, les fins du monde se suivent et se ressemblent. Et on finit par s'y habituer.

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MARTEL FM. J'ai rêvé récemment que j'animais une émission à Radio X. Au début, c'était très grisant. J'avais un tas d'opinions à partager, et toutes les minutes, je recevais un tweet, un courriel ou un appel d'un auditeur qui me disait qu'il était ben d'accord avec moi.

Je faisais jouer une nouvelle toune de Nickelback et, malgré mon désintérêt pour le band, je me disais que c'était quand même cool d'endurer ça en échange d'un micro.

Et puis quand la toune de Nickelback s'est terminée, je me suis rendu compte qu'en moins de cinq minutes d'animation, j'avais pas mal fait le tour de mes opinions. J'étais subitement angoissé, mais surtout choqué parce que tout à coup, je m'apercevais que j'avais parlé de 22 sujets dans un laps de temps record et que je les avais tous passés en surface.

Pendant toute la journée qui a suivi ce curieux hybride de rêve et de cauchemar, j'ai songé au pourquoi de tout ça. Enfin, j'ai compris: l'an dernier à pareille date, alors que l'argent se faisait très rare, j'avais passé une audition pour ladite radio, mais le directeur m'avait qualifié de "trop ch'nu".

La vie est quand même bien faite.