Jouer de la harpe comme d'un tambour
Complètement Martel

Jouer de la harpe comme d’un tambour

 

Je vous mentirais si je vous disais que Pierre Dumont était mon grand chum.

En fait, on ne s'est côtoyés que quelques fois au cours des dernières années, et pour dire vrai, la légende de Pierre Dumont m'intimidait tant que les propos que j'ai pu lui adresser étaient généralement sommaires et sans consistance.

D'ailleurs, j'ai souvenir d'un match de la Ligue d'improvisation musicale du Saguenay où je l'avais comme coanimateur. En six ans en tant qu'animateur de cette ligue, je peux vous le garantir, des conneries de toutes sortes, j'en ai débité. Pourtant, ce fameux soir où Dumont était à mes côtés a généré l'un des blocages les plus terrifiants que j'ai connus derrière un micro. Dans ma tête, il y avait cette petite voix qui me répétait sans cesse: "Man, t'as Pierre Dumont, le créateur du Festival des musiques de création, avec toi. On s'entend-tu que pour une fois dans l'histoire de la LIMS, y a quelqu'un en arrière du micro qui sait vraiment de quoi il parle. Fuck les niaiseries pis fais-le parler!"

Ce qui m'avait frappé dans cette expérience de coanimation avec Dumont, c'était la façon bien à lui qu'il avait d'écouter la musique. Le commun des mortels se contente d'aimer ou non le feeling qu'une pièce peut lui faire ressentir, mais pour Pierre, tout semblait se passer bien au-delà d'un j'aime ou d'un j'aime pas.

À chaque improvisation, Dumont donnait toute l'écoute du monde. Il scrutait les moindres sonorités, s'attardait à l'approche des musiciens envers leurs instruments, en plus de songer à la sémiotique du titre d'une impro comparativement à ce qui en avait résulté.

Ce soir-là, j'avais à mes côtés un personnage comme il s'en fait de moins en moins. Totalement à l'opposé du consommateur de musique qui saute d'une chanson à l'autre dans l'espoir vain de ne rien manquer, Dumont m'était apparu comme celui qui s'accroche à chaque pièce avec la conviction qu'elle peut receler une part de richesse.

Ça faisait un bon moment déjà que nous savions que le terrible verdict de la maladie était tombé sur Pierre Dumont. Sans même nous en rendre compte, nous étions plusieurs à avoir entamé une espèce de période de deuil. En fait, pour la plupart, nous en étions tous au premier stade du déni. À chaque apparition de Dumont qui nous était rapportée, nous nous disions que la maladie ne l'emporterait jamais. Mais en vain.

Le 24 mai, la communauté culturelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean a vu partir bien plus qu'un homme. Elle devra s'habituer au départ du père du FMC, du cofondateur du Centre d'expérimentation musicale, de Pierre Dumont l'artiste en constante exploration ou du professeur qui a fait naître l'étincelle de la création dans la tête de nombreux artistes de la région.

Or, ce sont aussi plusieurs Pierre Dumont qui resteront parmi nous, et ce, à travers nos souvenirs, ses ouvres et ses projets.

Alors que certains prennent du temps pour se consacrer à l'art, Dumont nous aura appris qu'il est encore mieux de le donner.

Et pour citer l'homme de théâtre Dany Lefrançois à propos du dernier voyage de Dumont: "Les anges apprendront à bardasser leurs harpes sur les nuages."

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DES NOUVELLES DE ROBERT. Il y a deux semaines, je signais une chronique intitulée Comment tu fais Robert? Je m'y adressais au producteur de spectacles Robert Hakim par l'intermédiaire d'une coquine lettre ouverte.

Vous avez été nombreux à y réagir et beaucoup d'entre vous supposaient que le principal intéressé demeurerait silencieux.

Eh ben non.

Quelques jours après la parution de ma chronique, je recevais un courriel avec comme objet On fait comme ça Joël.

En employant un ton très sympathique, Hakim a mis cartes sur table quant à certains de mes questionnements. Et c'est tout en son honneur.

J'avais prévu en partager quelques extraits avec vous dans cette chronique, mais après mûre réflexion, j'ai préféré publier la lettre intégralement sur la page de Pop culture (voir.ca/blogs/popculture_saguenay/default.aspx), et ce, avec l'accord de M. Hakim.

Bonne lecture!

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ÇA SENT DRÔLE. Petit conseil comme ça. Quand vous vous rendez à un show d'humour et que vous savez que non seulement vous serez assis à proximité de nombreux autres spectateurs, mais qu'en plus, vous risquez fort bien de rire à gorge déployée, évitez donc de manger des fruits de mer.

C'est pas que je veux faire mon chialeux, mais quand tu es le gars à côté ou en arrière, ça coupe un petit peu le buzz.

Mais bon, c'est quand même moins pire que de faire Chicoutimi-Alma en autobus à côté d'un buveur de Pepsi qui avait faim d'un gros sac de Doritos.