Complètement Martel

Tuer Noël

Pis?

Vous pensiez que vous ne pouviez pas plus haïr Noël pis le temps des Fêtes?

Vous étiez certain qu’au lendemain de l’Halloween, quand vous avez vu pour la première fois la pub de Walmart, vous aviez déjà atteint le bout d’la marde?

Mais ça n’a pas été long, hein? Rappelez-vous quand vous êtes allé vous acheter du poulet cuit sur place à l’épicerie parce que vous aviez fuck all le temps de faire à souper pis que vous vous êtes demandé: «Comment ça se fait que je sens subitement monter en moi une envie de fesser quelqu’un?», pis que vous vous êtes rendu compte que c’était à cause de la toune poche de Noël du p’tit joufflu de Star Académie qui jouait en background.

Ben oui, c’est plate, mais ça ne finit jamais. C’est comme un orgasme à l’envers qui vous enfonce sans arrêt dans l’écœurantite. C’est ça le temps des Fêtes. Une espèce de filtreur dans lequel vous êtes pogné avec toutes les autres bibittes. Ça vous aspire, ça vous suce pis vous savez qu’à la fin, vous allez finir par faire la même chose que toutes les autres années.

Arrêtez de vous leurrer: vous ne réussirez pas à concrétiser votre plan diabolique dont vous parlez à chaque Noël depuis 10 ans. Vous n’aurez pas le guts de juste vous louer deux films, de vous acheter un gramme de pot pis un gros sac de chips pour vous la jouer solo le 24 décembre au soir. Anyway, ça fait deux ans que vous n’avez plus de contacts pour trouver du pot pis la rumeur en ville raconte que les flots qui en vendent au terminus d’autobus le coupent avec du crystal meth. Est-ce que vous haïssez Noël au point de vous péter un trip de crystal? Quand même pas, non?

La vérité, c’est que vous allez finir par fêter Noël parce que ça ne dépend pas que de vous. Y a votre blonde ou votre mère ou votre enfant ou les trois en même temps qui comptent sur vous. Y a déjà Serial-Harper qui a laissé tomber Kyoto, venez pas me dire que vous allez faire la même affaire avec votre famille? Vous êtes son dernier semblant de pilier.

Vous avez beau avoir perdu votre job à cause de la fermeture de la machine 6, vous êtes piégé par Noël. Consolez-vous, le bonhomme à cravate qui vous a scrapé votre temps des Fêtes est probablement dans le même bateau que vous. Sauf que lui, il s’est acheté un beau gilet de laine du temps des Fêtes à 600 piastres dans une boutique de riches, il boit du whisky qui coûte cher, au lieu d’être chez ses beaux-parents il célèbre dans un modeste ranch avec vue bucolique sur les Rocheuses, pis sa femme pense qu’il est en voyage d’affaires. Crosseur un jour, crosseur toujours.

Y a rien qui peut tuer Noël. Même votre grand-mère hospitalisée parce qu’elle est paralysée depuis huit mois. Watchez ben ça, cette année, ça va se passer dans une chambre pas loin des soins intensifs avec toute la famille qui retient ses sanglots en n’osant pas dire que le plus beau cadeau que grand-maman pourrait avoir, ce serait d’être enfin libérée de son sort épouvantable.

Noël, c’est pire que la mauvaise dope. Les premières fois, c’est super excitant, pis à un moment donné, tu essaies juste de retrouver les premières sensations pis moins tu es capable, plus tu t’enfonces. Y a pu rien de spécial. C’est pu le soir où tu peux te coucher tard parce que maintenant, ce qui est fucké, c’est quand tu te couches avant minuit. C’est pu la fois où tu vas avoir une Wii parce que depuis que t’as une job, ta Wii tu peux te l’acheter un 3 juin si ça te tente.

Dans le fond, le problème avec Noël, c’est pas la fête en tant que telle. C’est juste le temps qui passe pis qui te revient dans la face une fois par année pour te narguer: «Pis, j’te l’avais dit l’autre fois que ça pouvait être pire.»

Le crisse de temps.