Culture Club

Adieu one-week stands!

On m’a dit que les frontpages avec des humoristes, c’était ben winner. Ça fait vendre, paraît-il. Vendre n’est peut-être pas le terme approprié, pour un journal hebdomadaire gratuit, mais vous avez compris.

Un sujet vendeur, c’est un peu comme un gros Wal-Mart dans un petit centre d’achats: ça génère de l’achalandage. Des unes qui «vendent» signifient donc plus de lecteurs. Et qui dit augmentation du lectorat dit plus grand bassin de consommateurs potentiels pour les annonceurs. Donc davantage d’achats d’espaces publicitaires, plus d’argent, et, par extension, plus d’espace dans le journal pour couvrir la scène culturelle locale…

Un beau cercle vicieux. Qui débute apparemment par des frontpages plus winner. (Chaque fois que j’écris winner, je m’imagine un vendeur d’assurance ultra-cliché, comme celui qui a un jour tenté de me vendre une assurance vie sur un prêt hypothécaire que je n’avais pas encore contracté. Lui y trouvait ça ben winner. Pas moi. )

Cette semaine, j’ai été confrontée au dilemme du sujet vendeur, puisqu’un humoriste sera bientôt de passage à Trois-Rivières avec son nouveau spectacle. Un humoriste qui fait son grand retour sur les planches après plus d’une décennie d’autres jobs extra-curriculum plus télévisuelles… Le genre de couverture médiatique qu’on prescrit pour assurer la bonne santé financière du journal.

Tout le monde va en parler. Et moi? J’y ai pensé. Et je me suis questionnée. Pas que l’humoriste en question me déplaise particulièrement, mais je me doute bien que, peu importe mon choix, ça n’aura aucune incidence sur sa vente de billets. En fait, elle sera probablement faramineuse, et ça, même si l’entrée coûte, disons, pas mal plus qu’une poignée de huards.

Est-ce que le Voir Mauricie est rendu à s’habiller sexy pour se prouver qu’il pogne encore? À se prostituer pour attirer l’attention d’une poignée de nouveaux lecteurs qui s’en désintéresseront à la prochaine page couverture moins turn on?

Non. Me semble que le mandat du Voir, c’est pas ça. Le Voir, c’est comme un microcosme où la culture underground est plus populaire que la culture populaire elle-même. Le genre de journal où on front un film français plutôt qu’un humoriste ben vendeur. C’est d’ailleurs ce que j’ai décidé de faire. Parce que le Voir Mauricie a déjà, je crois, ses lecteurs qui l’aiment d’amour. Parce que le Voir Mauricie n’a que faire des one-week stands.

Qui aime mes choix rédactionnels me suive.