Entre guillemets

Un train en marche

 

Le corps fatigué, les joues rougies par le froid, mon chum et moi avions rangé nos skis dans le coffre arrière de la voiture. Prochaine étape: départ de Québec en direction de la maison, en Mauricie. Après des kilomètres à scruter la 40 en silence, ma douce moitié laissa tomber en pointant une superbe maison ancestrale: «Les autoroutes, ça date des années 60 ou 70, non? Pauvres résidants qui, du jour au lendemain, ont vu la forêt devant leur demeure se transformer en une bruyante piste de course…» Oui, dommage, en effet. Ça doit être choquant de perdre soudainement une tranquillité acquise.

Tout change si vite. En quelques mois seulement, le paysage urbain d'une ville peut se modifier: disparition d'un boisé ici, apparition d'un nouveau projet résidentiel là.  C'est dire si Samuel de Champlain ou le mystérieux sieur de Laviolette auraient du mal à reconnaître les villes qu'ils ont jadis fondées.

Par simple curiosité, avez-vous déjà essayé d'imaginer ce à quoi pouvait ressembler Trois-Rivières au début de la colonie, aux alentours du moment de sa fondation, en 1634? Pas facile, hein? Admettez que l'exercice serait plus simple si on pensait à Québec, voire à Montréal. Car, en plus des nombreux livres qui ont été écrits sur le sujet, ces deux cités ont conservé de nombreuses marques du passé. Ce qui n'est pas le cas de la deuxième plus vieille ville francophone d'Amérique du Nord, qui a malheureusement vu partir en fumée tout un pan de son histoire lors du terrible incendie de 1908 – seule une dizaine de bâtiments de l'époque du Régime français ont été épargnés.

 

culture.v3r.net

Mais depuis quelques jours, et ce, pour notre plus grand plaisir, la Corporation de développement culturel de Trois-Rivières nous donne un bon coup de pouce, stimule nos méninges. S'inspirant du livre Rencontrer Trois-Rivières. 375 ans d'histoire et de culture publié aux Éditions d'art Le Sabord, elle propose sur culture.v3r.net (cliquez sur l'onglet Patrimoine) une modélisation 3D du bourg des Trois-Rivières, tel qu'il était en 1685. Là, on découvre un bourg de 150 habitants dont le quotidien était marqué par la religion (en plus d'une quarantaine de fêtes, les messes en latin étaient obligatoires le dimanche!), une île Saint-Quentin encore vierge et les premières vies du manoir Boucher de Niverville. À vol d'oiseau, on explore la palissade, le moulin (dont les vestiges existent toujours sur le site de l'Université du Québec à Trois-Rivières), le fief Pachiriny et différents bâtiments. Passionnant…

Comme toutes les villes, Trois-Rivières est née de rien. Pourtant, aujourd'hui, nous sommes des centaines de milliers d'individus à y vivre, à y travailler et à lui donner un souffle. Franchement, ça donne tout un vertige quand on pense que son histoire n'en est qu'à ses premiers chapitres.