On emballe 2014: La langue rapaillée, idées cadeaux et coups de cœur

L’année du phénix

Trois moments forts de l’année, en littérature, viennent ponctuer les cycles de vie et mort du phénix.

Dimedia vs Renaud-Bray

«Suite à des modifications unilatérales de ses conditions commerciales effectuées par Renaud-Bray, notre distributeur Diffusion Dimedia a dû cesser de l’approvisionner.» Voici une partie de l’avertissement que l’on retrouve toujours sur les sites internet des différentes maisons d’édition distribuées par Diffusion Dimedia, l’un des principaux diffuseurs de livres au Québec. Ce sont ainsi des dizaines de maisons d’édition locales et internationales dont les nouveautés ne se retrouvent pas chez le plus grand libraire au Québec. À l’origine du conflit, au printemps dernier, la décision de Renaud-Bray de changer les termes du remboursement des titres invendus et, selon les informations récoltées par Dimedia, l’importation illégale de titres. Depuis le printemps dernier, les deux parties n’avancent pas. Cet automne, de nombreuses maisons d’édition, auteurs et associations en appelaient à la discussion, entre Dimedia et Renaud-Bray. Cependant, le conflit demeure et l’incertitude aussi.

La courte échelle

La célèbre maison d’édition jeunesse a fait faillite au début de l’automne et a laissé dans le deuil une grande famille d’auteurs et de lecteurs qui la suivaient depuis 35 ans. C’est toute une génération de lecteurs actuels qui furent pris de court par la fin abrupte de la maison d’édition qui avait, pour ainsi dire, révolutionné la littérature jeunesse au Québec. Cela dit, la courte échelle n’a pas dit son dernier mot et ses nouveaux acquéreurs, Raymond Talbot – ancien propriétaire des librairies Champigny – et sa fille Mariève – ancienne directrice de l’organisme Lis avec moi – reprendront le flambeau et travailleront à retrouver la confiance des auteurs et illustrateurs de la maison d’édition qui avaient eu une mauvaise surprise, deux mois plus tôt, alors qu’ils apprenaient qu’ils ne pourraient pas reprendre les droits de leurs œuvres, la Loi fédérale sur la faillite primant sur la Loi provinciale sur le statut professionnel des artistes. Si, pour le moment, seuls Annie Groovie et son Léon, Chrystine Brouillet et sa Maud Graham, quittent le bateau, les auteurs qui demeurent au sein de la courte échelle peuvent maintenant respirer et reprendre la plume et le crayon.

GND, GG et TransCanada

Symbole fort de la jeunesse politisée, Gabriel Nadeau-Dubois ne cesse de surprendre. Après avoir remporté un prix littéraire du Gouverneur général pour son essai Tenir tête, GND s’est départi de sa bourse de 25 000$ pour la remettre à des citoyens et des organismes qui travaillent à contrer le projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada. Alors qu’on sait pertinemment que les auteurs et écrivains ne nagent pas dans leurs pièces d’or tel Picsou, une redistribution de cette richesse est à l’image de Nadeau-Dubois, pour qui l’intégrité et l’éthique vont de pair avec ses idéaux. En ce sens, ce don allait de soi. Le programme Doublons la mise a permis beaucoup plus que d’amasser le double du montant. Lorsque le programme a pris fin, c’est plus de 15 fois le montant donné par l’auteur qui a été amassé pour soutenir la campagne de sensibilisation citoyenne Coule pas chez nous. Surfaite, l’idée d’un porte-parole charismatique et brillant? Pas sûr.