L’écho des Cantons

Bleu optimisme

Après une journée de ski au mont Sutton (et un après-ski entre amis), je roule sur une petite route de campagne. Pas trop vite, pas trop lentement. Les phares éclairent suffisamment la nuit pour que je me fraie un chemin jusque chez moi.

«On a oublié les disques. On met la radio?» Et la voix de Jacques Languirand se fait entendre. Par 4 chemins devient ma trame sonore, et l’animateur, mon guide. C’est moi qui connais le trajet, mais c’est lui qui me garde éveillé, captivé que je suis par ses propos. Son émission à caractère philosophique aborde la science de l’optimisme…

Permettez-moi de paraphraser ce dont je me souviens. Selon les sciences nouvelles, l’être humain a survécu jusqu’à aujourd’hui car il est foncièrement optimiste. Face à l’adversité, l’esprit est apte à tricher, à se replier sur lui-même afin qu’on puisse poursuivre notre route. On aurait tendance à oublier les événements traumatisants, et à conserver en mémoire ceux qui nous donnent espoir. Selon la neuroscience, même les gens qui souffrent d’un manque de confiance en eux sous-estimeraient leurs défauts, et surestimeraient leurs qualités. Si l’éducation joue un rôle majeur dans le façonnement de l’optimisme (notamment chez les enfants), la résilience serait inscrite dans notre ADN. À cette information, ajoutez un rire «tripatif» de Languirand.

Et la chance, celle qui sourit plus souvent aux optimistes qu’aux pessimistes (c’est prouvé!), serait une compétence à acquérir. Les «chanceux professionnels» doivent entre autres savoir que dame Chance n’est pas toujours au rendez-vous. Il faut être prêt à vivre des échecs. Cette anticipation fait en sorte qu’on s’organise pour avoir un projet dans sa manche.

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Après la faillite de Bleu Lavande, je me demande si son fondateur, Pierre Pellerin, est déjà en train de plancher sur un autre projet. Pour avoir lu son livre sur la petite histoire de cette entreprise, véritable fleuron de l’industrie touristique québécoise, je crois qu’il fait partie de ceux qui savent créer leur chance (et, par le fait même, accepter le possible échec).

Qu’est-ce qui explique celui de Bleu Lavande (qui, selon le journal Les Affaires, «s’enligne» pour bénéficier d’une relance signée Anges Québec)? Mon hypothèse: des objectifs de croissance à court terme trop ambitieux – un peu comme si la grenouille voulait rapidement devenir plus grosse que le bœuf -, et un fonds de roulement qui ne suit pas la cadence.

Il a beau être humain, l’optimisme est parfois vilain. Heureusement que la route est longue.