L’écho des Cantons

Capitale culturelle sans capitaux

Est-ce qu’un chercheur universitaire devrait arrêter ses recherches s’il n’obtient pas la bourse désirée? Non. Est-ce normal qu’un couple décide d’avoir un enfant afin de pouvoir bénéficier du congé parental et d’une aide gouvernementale? Non. Est-ce sain qu’un artiste élabore les fondements de sa démarche professionnelle afin d’être admissible à différentes subventions? Non. Est-ce que nos adolescents devraient envisager ou choisir un métier en fonction d’un éventuel salaire? Non.

On dit souvent que l’argent est le nerf de la guerre, mais j’ose croire que la volonté de chacun de cheminer selon sa personnalité et ses ambitions doit demeurer le principal moteur. Cette vision s’applique aux individus, mais également aux groupes, voire à la collectivité.

La semaine dernière, La Tribune nous apprenait que le programme fédéral de capitale culturelle sera abandonné à la fin de 2012; il s’agit d’un des dommages collatéraux du dernier budget des conservateurs qui affligent le milieu culturel canadien. La hache dans Radio-Canada. Schlak. La hache dans l’ONF. Schlak. La hache dans les futures capitales culturelles. Schlak.

Sherbrooke misait beaucoup sur ce programme. En fait, toute une logistique a été déployée l’an dernier afin que la reine des Cantons devienne l’une des capitales culturelles canadiennes en 2014. De nombreux joueurs du milieu artistique sherbrookois avaient soumis des projets d’envergure. Selon la rumeur, Sherbrooke avait une candidature béton pour remporter ce concours et, par le fait même, mettre la main sur une aide fédérale de deux millions de dollars.

Malheureusement, la réaction de Diane Délisle, présidente du Comité de la culture de la Ville de Sherbrooke, laisse croire que Sherbrooke ne tient pas tant que ça au titre de capitale culturelle. Pas d’argent, pas de projet de capitale culturelle. La Ville abandonne. Schlak.

L’an dernier, lors de l’annonce de cette ambition sherbrookoise à devenir une des capitales culturelles canadiennes, je me questionnais à savoir si nos élus voulaient véritablement ce titre, ou bien si la Ville était davantage intéressée par l’argent du programme fédéral. Si Sherbrooke jette la serviette, j’aurai ma réponse.

Mais j’espère encore que nos élus sauront rebondir, qu’ils prendront des décisions qui témoignent de cette volonté de faire de Sherbrooke une véritable capitale culturelle. Pas besoin d’un programme fédéral pour revendiquer le titre.