L’écho des Cantons

Dernière chronique

Salut.

Je fais le décompte pour toi. Ça fait à peu près cinq ans que je t’écris chaque semaine. Sache que je n’en ai pas loupé beaucoup. À mon embauche, je me souviens que mon patron de l’époque m’avait dit que les vacances sont un luxe qu’un rédacteur en chef ne peut pas se permettre trop souvent. Il disait vrai.

Depuis mon entrée en poste, je n’ai pas l’impression d’avoir décroché du mandat qui me fut confié, celui de parler autrement de culture, de faire rayonner les forces vives de l’Estrie, de brasser la cage avec diligence, de critiquer avec suffisamment de doigté… Si je n’ai jamais baissé la garde, c’est entre autres grâce à l’équipe de Voir, des gens animés par la ferveur et la droiture. Salutations et respect à tous mes collaborateurs, collègues et supérieurs. Merci pour la confiance et l’amitié.

J’ai aussi eu la chance de connaître ce qu’on peut considérer comme un âge d’or de la scène culturelle estrienne. Le rayonnement récent de nos artistes n’a pas de précédent. Ce fut motivant d’en témoigner, et (je l’espère) d’y contribuer à ma façon. Impossible de faire état de tout le bagage que m’ont apporté les rencontres professionnelles des dernières années. À tous, beaucoup d’amour. Merci pour le talent et la passion.

S’ajoute à cela ma nouvelle expertise en diplomatie (ou dans l’art de savoir dire non). Avec un journal dont l’espace rédactionnel peut difficilement témoigner du florilège artistique de la région, j’ai dû décliner un nombre effarant d’entrevues, poser des lapins à plusieurs conférences de presse. J’ai donc brisé bien des cœurs d’artistes. Qu’on m’en excuse. Malgré tout, les relationnistes, les diffuseurs et tous ces autres intervenants de notre milieu culturel ont continué de témoigner un enthousiasme exceptionnel à l’égard de Voir Estrie.

Et c’est la raison pour laquelle ce journal – dont le premier numéro en présentoir date de 2004 – poursuit sa route. Récemment, la direction de Voir a pris la difficile décision de fermer certaines de ses éditions (Voir Saguenay, Voir Mauricie, Hour et Ottawa XPress). Voir Estrie a survécu au couperet, mais pour des raisons économiques, le poste de rédacteur en chef sera relégué aux oubliettes. Je conserve le titre pour encore quelques jours, et ensuite, la maison mère prendra le relais.

Ceci est donc ma dernière chronique. Je ne la voulais ni triste ni amère. J’en étais conscient (et toi aussi): toute bonne chose a une fin.

On se revoit dans un show, non loin du bar.

Ciao.