Mots croisés

Voix d’Amérique et d’ailleurs

Phénomena

Entre 2002 et 2011, le Festival Voix d’Amériques a représenté l’un des plus beaux lieux de création et de rencontre montréalais. Dix années d’audace, de moments de grâce, de croisement des genres en français, en anglais, en espagnol, en innu… Performeurs, comédiens, politiciens, chacun venait y faire son tour pour opposer à la langue de bois la langue libre des arts.

Plutôt que de reprendre ad vitam æternam une formule qui pourtant fonctionnait bien, la directrice de l’événement D. Kimm et ses filles électriques – elles ont horreur de se répéter – ont choisi de rebaptiser l’événement et de le réorienter quelque peu. Le nouveau festival Phénomena a pour saint patron Georges Méliès, inventeur des premiers trucages au cinéma, et entend conjuguer l’émouvant, l’improbable et le poétique à travers des spectacles en petites salles (Casa del Popolo, Divan orange, Bain Saint-Michel…).

Une invitation à pousser encore plus loin le concept d’interdisciplinarité qui, selon D. Kimm, «n’est pas seulement une accumulation de disciplines, mais plutôt une manière de faire qui chérit le questionnement, transgresse les normes et nous sort de la zone de confort». Du 19 au 26 octobre. festivalphenomena.com

Odes radiophoniques

En voilà un qu’on verra tôt ou tard à Phénomena. Jean-Paul Daoust, le rossignol des nuits littéraires québécoises, qui cultive au quotidien l’improbable et le poétique, y sera comme chez lui. Pour l’heure, on peut lire ses Odes radiophoniques, parues chez Poètes de brousse, versions écrites des envolées livrées dans le cadre des cabarets de l’émision de la Première Chaîne Plus on est de fous, plus on lit!.

Longs poèmes où s’entremêlent élans amoureux, visions érotiques, dérives alcoolisées, Montréal d’hier et d’aujourd’hui, les Odes, à la fois profondes et fanfaronnes, ont ce côté double qui fait le charme de Daoust: «J’écris parce que j’aime le jazz et le rock’n’roll / J’écris parce que je ne regrette rien / Pis après la chanteuse / Ça prend ben un gars pour le dire / J’écris parce que je vais quand même mourir / J’écris et tant pis si ça vous dérange».

QUÉBEC-BARCELONE

Il n’y a pas qu’en matière d’indépendantisme que les idées catalanes et québécoises se rejoignent. Comme si tu avais encore le temps de rêver / Com si encara tinguessis temps de somiar, un recuel bilingue que vient de faire paraître La Peuplade, témoigne de cet échange entre les deux presque pays à travers les voix des Québécois José Acquelin et Louise Dupré et des Catalans Teresa Pascual et Víctor Sunyol.

Chaque poème y est proposé dans les deux langues, résultat d’une série d’ateliers de traduction tenus dans le cadre du Festival de la poésie de Montréal, en 2011, mais dont l’origine remonte plus loin. En 2006, comme l’explique Isabelle Courteau dans sa préface, un petit festival de traduction poétique catalan-français était en effet créé au sein de l’Alliance française de Sabadell, en Catalogne. Un micro-événement dont le thème peut faire sourire, oui, mais dont les fruits sont beaux!

Solovox a 12 ans

Parlant de poésie, les événements Solovox, dédiés à une parole sans fard ni tabou, célébraient le 26 septembre leur 12e anniversaire. Animés depuis le début par le fort en gueule Éric Roger, ils ont vu défiler des noms connus de notre littérature comme de nombreux auteurs en herbe, la tribune étant ouverte à quiconque a quelque chose à dire et les mots pour le dire avec panache.

Les soirées Solovox ont lieu tous les derniers mercredis du mois à L’Escalier (552, rue Sainte-Catherine Est).

Prix de l’Académie

Elle aura presque tout raflé. Après le Prix des cinq continents de la Francophonie, le Prix littéraire des collégiens, le Prix des lecteurs Radio-Canada et le prix Les Irrésistibles – Bibliothèques de Montréal, Jocelyne Saucier voit son roman Il pleuvait des oiseaux (XYZ) lui valoir aussi le prix Ringuet, décerné le 27 septembre par l’Académie des lettres du Québec.

Le même soir, l’Académie remettait l’important prix de poésie Alain-Grandbois à Antoine Boisclair pour son recueil Le bruissement des possibles (Noroît), son prix de l’essai Victor-Barbeau 2012 à Louise Vigneault pour Espace artistique et modèle pionnier. Tom Thomson et Jean-Paul Riopelle (Hurtubise) et sa médaille 2012 à Robert Lepage.