Solo de clavier

Non au carré beige!: un plaidoyer pour une rentrée ponctuée d’événements râblés

Le teint livide, le foie au tapis, les poings estampillés jusqu’à l’os et les tympans en lambeaux: pas de doute, le tango des festivals accompagne, une fois de plus, cette nouvelle rentrée culturelle inaugurée par l’élection de Pauline à titre de première première ministre du Québec. En attendant de voir comment Mme Marois, ses collègues et leurs voisins d’en face du PLQ façonneront le portrait culturel du Québec, je nous souhaite une rentrée culturelle foisonnante (on l’a déjà, ce numéro de Voir en témoigne) ainsi que des festivals musicaux qui oseront davantage (ça, ça reste à voir).

Carte postale de Rouyn: bref retour sur le 10e FME

Mon souvenir le plus vif de cette 10e édition du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue demeure cet entretien avec Jenny Thibault et Sandy Boutin, deux des fondateurs de la foire musicale chouchoute.

Rencontré au sous-sol du Petit Théâtre, entre un technicien qui siestait sur un sofa et Lisa LeBlanc qui réchauffait sa voix, le duo confiait que, malgré le succès d’estime acquis au fil des années, la production de chaque édition relève davantage du funambulisme que du plan d’affaires qui se concrétise.

«C’est un danger perpétuel», tranche Boutin. «T’as beau planifier des affaires, t’es jamais assuré que t’auras tes subventions. De plus, l’écrin est important», ajoute-t-il en faisant référence à la radio et au fanzine liés à l’événement, en plus de la scène sur l’eau montée pour le spectacle soulignant le 10e anniversaire du festival. «Nous ne sommes pas là que pour faire un show de musique, mais pour faire vivre une expérience. On va perdre de l’argent sur le concert de Godspeed You! Black Emperor, c’est clair, mais les 400 personnes qui vont vivre cet événement dans une aussi petite église, elles, vont s’en souvenir longtemps en estie!»

Tout comme Boutin, j’espère donc qu’on ne profitera pas de la torpeur automnale pour ne nous verser que de la soupe chaude réconfortante, mais tellement beige. Heureusement, un coup d’œil à la programmation du prochain événement de calibre, Pop Montréal, fait saliver tellement elle est épicée.

Quand la délinquance fait «pop»

Bien que Pop Montréal ait fait éclater sa bulle de «festival-un-peu-tout-croche-qui-invite-des-artistes-pas-mal-tout-croches» en organisant un concert gratuit d’Arcade Fire en plein Quartier des spectacles pour souligner son 10e anniversaire, l’édition 2012 de l’événement met de l’avant, une fois de plus, une créativité rappelant celle de la bande du FME en plus de miser, de nouveau, sur son éternel côté «délinquant» qui a fait les joies – et parfois même les peines – des mélomanes au fil des années. Parmi les événements qui risquent d’être mémorables (ou des accidents de parcours percutants, ça reste à voir), notons l’opéra iconoclaste (oui, oui) proposé par le collectif expérimental Yamantaka//Sonic Titan.

Les cinéphiles – et les gothiques, j’imagine – se délecteront lors d’un visionnement de The Omen dans un lieu particulier: l’église St. John The Evangelist. La projection de ce classique de l’horreur débutera – bien évidemment – un peu avant les 12 coups de minuit.

Puis, pour les amateurs de conférences (est-ce que ça existe?!), Pop nous propose d’assister à une rencontre entre deux titans: Win Butler et David Byrne. Bien que ce genre d’événement soit habituellement barbant, on nous propose ici une discussion entre deux bonshommes qui ont quand même un sens de l’humour particulier. La conversation devrait donc être savoureuse (ou d’une froideur digne d’un premier rendez-vous, il faudra donc les chaperonner pour le savoir).

Rentrer dans le rang?

Alors qu’il y a quelques années, les détracteurs de l’événement pouvaient lui reprocher son côté «anglocentriste» (bien que Pop ait toujours misé sur des artistes francophones… c’est juste qu’on y programmait le bon grain plutôt que l’ivraie), les éternels insatisfaits pourraient, aujourd’hui, soupirer à la vue des Avec pas d’casque, Radio Radio et autres suspects de convenance très prisés des programmateurs de festivals plus conventionnels, mais qui participent pourtant à la 11e édition de la fête.

Est-ce que Pop Montréal rentrerait finalement dans le rang ou est-ce que la musique francophone alternative se ferait plus accessible, voire «meilleure» qu’auparavant? Éternel optimiste, je choisis la seconde option.

Pop Montréal: du 19 au 23 septembre, popmontreal.com

Pour la suite de l’entretien avec Jenny Thibault et Sandy Boutin, consultez mon blogue!