Solo de clavier

Sauvons MusiquePlus!

La nouvelle n’a pas eu l’effet d’une bombe, mais bien d’un feu de Bengale. MusiquePlus et MusiMax sont aux enchères, les deux stations faisant partie du lot mis de côté dans l’achat d’Astral par Bell. À moins d’une intervention du CRTC, qui a toujours son mot à dire sur la fameuse transaction, le sort des deux chaînes télé musicales pourrait bien en être jeté.

L’annonce est incroyablement triste. Mine de rien, ces stations ont contribué au goût musical de plusieurs générations de mélomanes qui, des années plus tard, en pincent toujours pour celles-ci, malgré des gags vaseux – «MusiquePlus? Musique poche, plutôt!» – et des réflexions à la «c’était bien meilleur avant la diffusion de Jersey Shore!». «Problème technique» foutrement morne, donc, mais malheureusement prévisible. 

Bien qu’incroyablement populaire aux cours des décennies 80 et 90, le modèle des stations musicales en a pris pour son rhume au cours des dernières années. Aux prises avec des changements techniques fulgurants (les avancées du Web, notamment), le genre s’est adapté – maladroitement, avouons-le, en privilégiant la production et la diffusion de contenu riche en potentiel publicitaire tout en demeurant économe en dépenses… et en contenu.

Évidemment, MTV, le géant dans le domaine, n’est pas à l’abri.

En 1996, on lançait MTV2, une chaîne qui se concentrerait, justement, sur la diffusion de contenu musical afin de répondre aux besoins des mélomanes agacés par la réorientation de la station mère. Des années plus tard, la musique y est toujours… mais se retrouve aux petites heures de la nuit, des sitcoms et autres produits du genre ayant été finalement mis de l’avant sur les deux chaînes. Pire encore, le conglomérat – qui compte maintenant des dizaines et des dizaines de chaînes à travers le monde – s’est départi de trois stations en 2009 et 2010. Ironiquement, le dernier clip diffusé sur MTV Philippines aura été le fameux Video Killed the Radio Star des Buggles, première vidéo présentée par la chaîne américaine en 1981 et chanson annonçant l’assassinat prochain de la radio par la télé…

Le constat est moche, bien sûr, mais loin de moi l’idée de faire l’eulogie de MusiquePlus ou, pire encore, de tourner autour de la station, ailes de vautour déployées. Même en faisant fi du capital de sympathie que j’ai pour la chaîne (elle a contribué à ma culture musicale, j’y ai travaillé quelques années et, surtout, j’y ai gagné un téléviseur en participant à un jeu-questionnaire lorsque j’étais ado), je crois que nos voisins d’en dessous (le studio est situé dans l’immeuble qui abrite aussi les bureaux de Voir) ont beaucoup à offrir.

Mine de rien, M+ a repris du poil de la bête depuis sa cure minceur de 2009 où deux VJ et plus d’une dizaine d’employés ont été remerciés. Bien sûr, les fameuses téléréalités y sont toujours, mais on mise davantage sur le contenu; les joutes verbales de Débat critique en témoignent et la viralité de la recension du plus récent album d’Anik Jean par Claude Rajotte démontre bien que le maître n’y est vraiment pas muselé. Mieux encore, en plus de se renouveler – loin de s’encroûter, la vénérable émission M. Net ratisse de plus en plus large –, la chaîne reste une vitrine de choix pour les artistes locaux (au moment d’écrire ces lignes, on annonce que Xavier Caféine y a interprété trois nouvelles pièces). Bref, le potentiel est là, les artisans aussi. 

En attendant, les détails demeurent flous. Astral nous renvoie à Bell pour des commentaires, et la dame affectée au dossier n’a pas répondu à notre demande d’entrevue. À l’interne, les employés sont prudents et ne laissent pas trop couler d’information. Si je devais parier, je mettrais un jeton sur Vidéotron. Un des pères de MusiquePlus – Pierre Marchand – y travaille et la chaîne pourrait également servir de tremplin privilégié pour la variété de produits à saveur culturelle provenant du fameux empire. 

Jour de paie

Une suggestion pour les parents de jeunes mélomanes profitant de la semaine de relâche: la période des inscriptions pour le Camp de blues du Festival international de jazz de Montréal est lancée. Vous avez jusqu’au 17 avril pour y faire participer votre BB King en herbe. Information sur campdeblues.com.

Pour les fans d’indie pop rock, la formation américaine Ra Ra Riot se ramène ce jeudi 7 mars au Il Motore pour faire mousser son nouvel album Beta Love. Le CD est franchement moyen, mais le groupe, lui, demeure explosif sous les feux.