Sur le fil

Une lentille, un calepin, des idées…

<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_annieroyW.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_annieroyW.jpg" align="middle" border="0" alt="" /></a></p>
<p><span style="FONT-SIZE:10pt;FONT-FAMILY:'Univers 45 Light';mso-fareast-font-family:'Times New Roman';mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-language:AR-SA;">Annie Roy et Pierre Allard cumulent 10 ans d’interventions urbaines au sein de l’ATSA. © Martin Savoie</span></p>
<p>Dépêchez un artiste engagé dans un quartier urbain bigarré avec un enjeu social à scruter à la loupe, et vous vous retrouverez avec un intense brasier créatif à entretenir et même à étaler… C'est un peu ce qui s'est déroulé en ce début mars dans le quartier Rideau-Vanier d'Ottawa lors du Laboratoire artistique de développement local, orchestré par Les Arts et la Ville.</p>
<p>Ayant pour thème l'itinérance chez les femmes (l'exclusion qu'elles subissent, la peur qu'elles génèrent…) dans ce quartier adjacent au Marché By, l'activité jumelait son conseiller municipal <strong>Georges Bédard</strong> à l'artiste militante <strong>Annie Roy</strong> – cofondatrice de l'Action terroriste socialement acceptable (ATSA) – pour parcourir les rues, calepin de notes et appareil photo numérique à la main. Le labo se soldait par une rencontre au Centre Espoir Sophie le 3 mars, où 10 photos, constats et idées-solutions étaient étalés pour entamer un dialogue convivial avec le public.</p>
<p>Jointe au téléphone ce matin-là, Annie Roy – déjà fortement impliquée dans la cause de l'itinérance avec l'<em>État d'urgence</em> de l'ATSA – me fait part de ses idées en ébullition, à l'issue de ses trois jours d'exploration. Parmi celles-ci, se dégagent quelques filons: introduirel'art dans la vie des personnes précaires pour les amener à s'exprimer, à créer, pour ensuite valoriser leurs œuvres dans des expositions ou des ventes. Faire en sorte que certains immeubles vétustes (que fait-on de ces édifices placardés au centre-ville?) et murs de béton deviennent des lieux dédiés à la communauté (centres culturels, espaces d'exposition, etc.). Elle propose en outre un programme de parrainage par les commerces d'esthétique ou de beauté, qui offriraient occasionnellement des soins gratuits aux itinérantes… «J'ai pris des clichés de commerces spécifiquement féminins pour qu'éventuellement on les approche», note Annie Roy, qui a aussi étayé sa recherche en rencontrant des personnes dans des centres communautaires, des refuges, ainsi que des policiers.</p>
<p>Pour contrer la peur entretenue à l'égard des sans-abri, elle imagine une exposition de portraits format géant où les itinérantes interpelleraient leurs contemporains de la phrase suivante: «N'aie pas peur de moi.» «Dans la perspective de la femme, j'ai envie de travailler sur l'intimité, le microsocial plutôt que le macro… De mettre en valeur les relations citoyennes valorisées par la municipalité.»</p>
<p>Dans son exposé, Annie Roy déborde du contexte de l'itinérance pour dénoncer l'absence de pistes cyclables pratiques au centre-ville – où la voiture est reine -, la carence d'espaces verts… «Le centre-ville souffre d'un manque de convivialité. Les abondants murs de béton et centres commerciaux pourraient être utilisés pour de belles expositions de photos sur des individus, pour des projections de films engagés, etc.»</p>
<p>Bref, elle soumet un amas de propositions auxquelles Georges Bédard pourra ajouter une dose de réalisme mais aussi d'aplomb, afin de mener certains projets à terme. «L'idée du laboratoire est justement ce croisement des regards, rappelle Annie Roy. Ça reste des premières impressions…»</p>
<p>À l'issue de ce brassage d'idées, l'artiste s'en retourne donc dans sa chaumière en espérant que son souffle aura été assez fort pour que le feu inter-citoyen ne s'éteigne pas. Son regard aura certainement été teinté par son militantisme et sa nature artistique, mais n'est-ce pas là le tison dont nombre de nos élus, mais aussi le commun des mortels, ont besoin pour réagir? «L'inclusion se fait par des petits gestes, par une volonté quotidienne. Mon rôle est d'insuffler des idées, et d'espérer que je suis sur la bonne piste et que les gens auront envie de les faire perdurer», conclut-elle.</p>
<p>***</p>
<p>Les Laboratoires artistiques de développement local ont été lancés en 2007 par Les Arts et la Ville, qui s'est inspiré du projet similaire de la France, <em>Mission repérage(s), un élu-un artiste</em>. Les villes canadiennes de Thetford Mines, Memramcook et Ottawa ont été sélectionnées pour les labos 2009. Une publication sera produite à l'issue du projet et sera mise en ligne fin avril pour téléchargement gratuit sur <a class="" title="www.arts-ville.org" href="http://www.arts-ville.org/" target="_blank">www.arts-ville.org</a>.</p>
<p>Soulignons en outre que l'ATSA – nommée Artiste de la paix 2008 et Prix citoyen de la culture 2008 -, qui célèbre 10 ans d'engagement social et responsable, a fait paraître une publication anniversaire, <em>Quand l'art passe à l'action</em>. Réunissant 11 textes d'auteurs invités, elle est disponible en ligne en version dédicacée sur <a class="" title="www.atsa.qc.ca" href="http://www.atsa.qc.ca/" target="_blank">www.atsa.qc.ca</a>.</p>