Sur le fil

Avis de futur décès

Dans le quartier Beechwood d'Ottawa nous quittera, d'ici la fin de la belle saison, au trop jeune âge de huit ans, la Galerie Dale Smith, l'un des plus audacieux et prisés diffuseurs d'arts visuels de la capitale nationale.

Outre la communauté artistique locale (dont l'Ottavien Jonathan Hobin, récemment exposé à la galerie), elle laisse dans le deuil bon nombre de confrères galeristes. Dans son voyage vers un monde meilleur, elle fut précédée récemment par feu la Galerie Snapdragon et par, il y a un peu plus d'un an, feu la Galerie Artguise, toutes deux situées dans le Glebe ottavien.

Les funérailles se dérouleront tout au long des prochaines semaines, alors qu'on présentera sa dernière exposition mettant en vedette Self-Portrait de Karin Rabuka jusqu'au 31 juillet. Le mois d'août sera consacré aux ultimes sacrements, fermeture de pièces, déménagement et liquidations habituels dans de tels cas. La galerie restera en fonction jusqu'à ce que Dale Smith, propriétaire, mette un tour de clé final dans la porte de son bâtiment du 137, rue Beechwood. Pour terminer, madame Smith exprime son désir d'apporter son aide à quiconque voudrait travailler avec elle.

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Est-ce que la fermeture prochaine de la Dale Smith doit nous alarmer plus qu'il ne faut? C'est une question sur laquelle il faut se pencher puisqu'il y a fort à parier que ce triste échec s'inscrit dans la tendance du marché artistique d'Ottawa-Gatineau. Est-ce symptomatique du fait que l'acheteur local reste frileux à l'idée de se procurer de l'art, lui qui en a arraché (mais soyons honnêtes, pas tant que ça) lors de la récession des dernières années?

Doit-on jeter le blâme sur le sempiternel conservatisme dont Ottawa, la Ville, fait tristement preuve au moment de consommer de l'art? Si je ne me trompe pas, Toronto et Montréal sont dans un pétrin semblable, donc montrer du doigt le fonctionnaire fédéral «pogné» et peu intéressé par la chose artistique doit être évité.

Même s'il appert manifeste que les diffuseurs d'art vivent des moments nébuleux desquels, je l'espère de tout cour, ils ne sortiront que plus robustes, une rumeur chez quelques-uns d'entre eux se fait de plus en plus persistante: peu importe l'endroit, peu importe le contenu, si vous arrivez à donner de bonnes raisons pour justifier l'achat de l'art, le client se fera plus que disposé à sortir son chéquier.