Hope Floats : Sous vide
Cinéma

Hope Floats : Sous vide

Chaque été, l’Amérique soigne son overdose de blockbusters hypertrophiés en allant voir une de ces inévitables comédies sentimentales mettant en vedette Julia, Meg ou Geena. Cette année, c’est au tour de Sandra Bullock de porter fièrement (en tant qu’actrice et coproductrice) le flambeau du «petit film romantique» face à Godzilla, Zorro, et à une pluie d’astéroïdes.

Comment s’en sort-elle? Pas très bien, à vrai dire, même par rapport aux attentes modestes que l’on peut entretenir face à un projet aux ambitions aussi limitées.
Il y avait pourtant sans doute un film intéressant à faire sur les problèmes d’une jeune épouse (Sandra Bullock) qui se sépare de son mari infidèle (Michael Paré), pour partir refaire sa vie avec sa petite fille (Mae Whitman) dans un village paisible du Midwest, où sa mère excentrique (Gena Rowlands) tente de la remarier avec un ami d’enfance (Harry Connick Jr.). Que l’on pense – dans une veine infiniment supérieure – à des films comme Alice Doesn’t Live Here Anymore ou An Unmarried Woman.

Pour y arriver, il aurait toutefois fallu un réalisateur plus subtil et talentueux que Forest Whitaker (par ailleurs excellent comédien, entre autres dans The Crying Game, et réalisateur de Waiting to Exhale). Entre ses mains, Hope Floats devient une comédie ultra-molle et une romance hyper-sucrée où il est virtuellement impossible de trouver une scène ou une image qui n’aie pas l’air fausse ou trafiquée. Un tour de force, quand on dispose d’un directeur photo aussi doué que Caleb Deschanel (The Black Stallion, The Right Stuff) et d’une actrice aussi extraordinaire que Gena Rowlands!

Alignant les phrases toutes faites, les idées reçues et les images d’Épinal au fil d’une bande sonore tapissée d’un bout à l’autre de succès pop et country, Whitaker accouche d’un film à mi-chemin entre la carte postale, la pensée du jour, le papier à mur et le vidéoclip. Seul élément rédempteur: le jeu nuancé et intelligent de la jeune Mae Whitman, qui donne à son rôle de petite fille mal aimée une vie et une personnalité qui manquent singulièrement au reste du film. C’est peu pour une comédie romantique qui ne sait ni faire rire ni émouvoir, et qui élève l’artificialité et le vide souriant au rang des Beaux-Arts.

Dès le 29 mai
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