Go : Jeunesse d'aujourd'hui
Cinéma

Go : Jeunesse d’aujourd’hui

C’est fou ce qu’on s’amuse à Los Angeles… John August, 27 ans, le scénariste de Go, a trouvé l’idée du film en entrant dans une épicerie du Sunset Boulevard. Il a d’abord écrit un court métrage, mais tous ses copains voulaient connaître la suite et avoir des nouvelles des personnages secondaires. Ainsi est né Go, une comédie à tiroirs sur la belle jeunesse californienne. Les producteurs sont allés chercher quelqu’un capable de mettre en mouvement tous les ressorts de cette comédie, et le choix est tombé sur Doug Liman, réalisateur de Swingers, une première ouvre particulièrement bien ficelée.

Dans Go, tout se passe dans les environs de L. A., en 24 heures. En trois chapitres: quatre personnes relatent la même histoire, les conséquences d’un deal d’ecstasy plutôt raté: Ronna (Sarah Polley) la caissière, Simon (Desmond Askew), un Britannique givré et maladroit, Adam et Zack (Scott Wolf et Jay Mohr), deux vedettes de soap prises dans le tourbillon. Il y a un monde fou dans ce film-là: les copains de galère à Las Vegas, la copine du supermarché, celui qui prend trop d’ecstasy, un patron de bar topless, un dealer qui joue les fiers-à-bras… Ne pas se perdre et nous perdre dans ce microcosme tentaculaire de la copinerie est déjà une épreuve! Mais Liman s’en sort bien et chaque personnage s’étoffe de fil en aiguille, sous le regard de chacun. Polley et ses comparses jouent juste, de façon amusante et convaincante.

Difficile de réussir plusieurs visions d’une même histoire. Les constructions en superposition doivent toujours surprendre. Là aussi, le réalisateur n’est jamais pris en défaut. De façon adéquate plutôt qu’ingénieuse, chaque pièce s’imbrique, et les détails insignifiants qui n’accrochent pas l’oil dans la première partie prennent une autre valeur dans la troisième. Bref, c’est un bon puzzle en trois dimensions.

Malgré cela, rien ne reste, rien ne trouble, et peu de choses ont le pouvoir de nous distraire. Ici, autant dans la mise en scène que dans la photo, le clonage de Pulp Fiction n’en finit plus: musique assourdissante et mine renfrognée de jolies minettes, dealer beau gosse torse nu avec tuque de père Noël, montage rapide sur démarrage en trombe; on joue du pistolet sans que cela effraye, et on suggère un cul pervers que l’on ne voit pas. Rien dans le fond, tout dans la forme, comme si un styliste «speedé» était intervenu dans chaque plan. Là, on oublie le gars dans les poubelles, et ici, on décore l’intérieur de l’auto avec des guirlandes… Le dossier de presse parle d’un milieu underground mais, de The Opposite of Sex à Pecker, en passant par Lawn Dogs et Gummo, la jeunesse de l’an 2000 n’a plus rien d’étrange, elle s’étale et fait la norme.

Ensuite, que tout cela se suive et forme une histoire intéressante, profonde ou cohérente, importe peu. On est dans un quotidien où rien n’est pris au sérieux, une version améliorée où tout peut arriver. Et c’est l’aspect le plus juste du film: on avance à la manière d’un adolescent ou d’un jeune adulte, qui, comme son degré d’évolution l’exige, se fout totalement des conséquences de ses gestes. Tant qu’on a l’ivresse, Go!

Dès le 9 avril
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