Entrapment : Mission possible
Cinéma

Entrapment : Mission possible

Entrapment, de Jon Amiel (Copycat), est un divertissement ultra-léger mais agréable, dont l’ambition est si modeste, les emprunts si flagrants, et le fonctionnement si prévisible, qu’il élimine d’emblée toutes les questions de substance, d’originalité ou de surprise, offrant plutôt les plaisirs convenus mais rassurants d’une grosse série B décadente, à mi-chemin entre Tintin, Arsène Lupin, Mission impossible et James Bond.

Énième variation sur le thème de L’Affaire Thomas Crown (qu’Hollywood nous resservira dans moins de deux mois), Entrapment met en scène une séduisante enquêteuse de compagnie d’assurances (Catherine Zeta-Jones), qui cherche à coincer un cambrioleur légendaire (Sean Connery) en prétendant s’associer avec lui pour réussir le coup du siècle: un vol de huit milliards de dollars (vous avez bien lu…) au sommet d’une tour bancaire malaise, qui ne peut avoir lieu, informatique oblige, que dix secondes avant la fin du millénaire.

Le vieux renard craquera-t-il pour la jeune louve? James Bond tombera-t-il dans le piège de la fille de Zorro? L’économie asiatique s’écroulera-t-elle avec le passage à l’an 2000? Peu importe, car l’essentiel est ailleurs dans ce film où règne le superflu.
De New York à Kuala Lumpur, en passant par le château écossais du vieux Sean, Entrapment offre son lot de plaisirs superficiels, mais ronronnants: quelques parties de ping-pong verbal qui donnent à Connery et à Zeta-Jones la chance d’évoquer (en mineur) Bogart et Bacall; de nombreuses scènes d’entraînement où la Belle doit pratiquer (en tenue moulante, évidemment) l’art de se faufiler sous un vaste réseau de rayons laser; et quelques scènes de cambriolages où le raffinement de To Catch a Thief rencontre la technologie et les décors de Die Hard. Le tout, au fil d’un scénario romantico-policier (signé Ron Bass et William Broyles) qui ne lésine pas sur les revirements-surprises (il y en a même un peu trop!), et qui se regarde avec un plaisir modeste et vaguement coupable, mais généralement soutenu d’un bout à l’autre.

Polar pépère et romance pantouflarde, Entrapment n’a certes pas le classicisme élégant d’un Hitchcock mineur, ou même d’une de ses imitations; mais il offre en revanche ce que peu de blockbusters hollywoodiens nous proposent maintenant: un spectacle qui donne à voir (et offre en partage) son plaisir de jouer avec nos attentes de cinéma.

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