Notting Hill-Twice Upon a Yesterday : Deux par deux
Cinéma

Notting Hill-Twice Upon a Yesterday : Deux par deux

Deux comédies romantiques (Notting Hill et Twice Upon a Yesterday): l’une américaine, l’autre espagnole; des vedettes pour la première, des inconnus pour la seconde; du bonbon sucré pour le film de ROGER MICHELL, et du bonbon poivré pour celui de MARIA RIPOLI.

Si cette petite comédie n’est pas mauvaise, on ne peut pas dire qu’elle soit un produit original: Notting Hill, de Roger Michell (le brillant réalisateur de Persuasion), est une copie à peine altérée de Four Weddings and a Funeral.

Mêmes producteurs, même duo d’acteurs (l’Anglais type, Hugh Grant, contre l’Américaine type, Julia Roberts), et même vision stéréotypée d’une Angleterre préfabriquée pour l’Américain moyen: pas trop d’ethnies – pourtant nombreuses dans le quartier londonien de Notting Hill – , mais toute la fantaisie un rien aristo du caractère britannique. On retrouve le même entourage pour le héros: son frère était muet dans Four Weddings…, ici, sa meilleure amie (Gina Mc Kee) est handicapée; et sa sour est toujours fofolle (Emma Chambers), tout comme le pote gaffeur (Hugh Bonneville) de ce film-ci.

En fait, Notting Hill est une suite rafraîchissante et peaufinée. Il y a eu léger vieillissement en fût: Grant est un peu plus mature, c’est-à-dire qu’il fait moins de grimaces, et qu’il est capable de parler à la femme de sa vie; et Julia Roberts a beaucoup plus d’allure qu’Andie McDowell.

L’histoire d’amour entre un libraire et une superstar est crédible si l’on croit encore aux princes qui épousent des bergères. Mais, si peu courante qu’elle soit, elle se raconte plutôt bien, tout à fait sur le mode badin, vif et du tac au tac, collé au style verbal de Grant. Alors, on y croit, et on embarque sur la savonnette au pays des rêves. Julia est rayonnante avec ses 250 dents, Hugh est délicieux avec ses chemises entrouvertes, et son colocataire (fabuleux Rhys Ifans) est une incroyable calamité made in UK. C’est un rêve préfabriqué. Et, à l’instar du fast food, le «fast film» nourrit, mais seulement quand le frigo est vide…

Twice Upon a Yesterday
Un acteur en déroute (Douglas Henshall) trompe sa blonde (Lena Headey). Il le lui dit, et elle le quitte pour un travailleur humanitaire (Gustavo Salmeron). Zut! Le gars aime toujours la fille, et veut la réconquérir. Ça tombe bien, il remonte le temps et revient au jour où il lui a annoncé sa bévue. D’où l’adage: pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Ainsi se résume Twice Upon a Yesterday, de Maria Ripoli, film qui avait pour n0m The Man with Rain in His Shoes, au moment où il a gagné le Prix du meilleur scénario au dernier Festival des Films du Monde. Remonter le temps a quelque chose d’amusant: on peut plonger à fond dans l’absurde, et les acteurs se permettent de lâcher leur fou. Pour son premier film, la réalisatrice espagnole préfère, quant à elle, le chemin de la magie poétique, et ajoute à l’ambiance déjà complexe deux clochards anges gardiens et une barmaid énigmatique (Elizabeth McGovern).

Bref, le genre de comédie qui veut puiser ses racines dans What a Wonderful Life, et qui se retrouve avec Groundhog Day. Il n’y a pas de hasard, juste un destin alambiqué, qui laisse le temps de poser les questions de base de l’amour avec un grand A: Est-ce la bonne? Suis-je le bon? Et sommes-nous assez forts pour faire l’épicerie ensemble? Les acteurs se débrouillent dans ce quartier londonien de Notting Hill, plutôt bien pour Douglas Henshall, et plutôt mal pour Lena Headey. Ce film qui ne fonctionne que sur des suppositions (si on pouvait et si seulement…) aurait gagné en équilibre si l’on avait sabré dans quelques méandres scénaristiques. Si seulement on pouvait tout recommencer…

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