My Life So Far : La p'tite vie
Cinéma

My Life So Far : La p’tite vie

Imaginez Fanny et Alexandre sans la magie de Bergman, Hope and Glory sans le talent de Boorman, et My Life as a Dog sans le charme du film de Lasse Hallstrom, et vous avez My Life So Far, une de ces chroniques familiales si prévisibles qu’elles en rappellent instantanément dix autres qui leur sont si supérieures qu’on oublie celles-ci presque instantanément.

Produit par David Puttnam (Chariots of Fire) et réalisé par Hugh Hudson (Chariots of Fire itou, mais aussi Revolution et Lost Angels), My Life So Far ramène deux des ex-«valeurs sûres» du vieux «nouveau cinéma anglais» dans le territoire verdoyant de l’Angleterre d’une autre époque. Basé sur les mémoires de sir Denis Forman (qui devint – ce qui ne manque pas d’ironie – l’un des pères fondateurs de la télévision britannique!), My Life So Far nous invite dans un petit château écossais des années 30 pour nous raconter les aventures de la famille du jeune Fraser Macintosh (Robert Norman). En particulier, les tribulations de son père (Colin Firth), un inventeur, mélomane et moralisateur, qui encourt les foudres de sa femme (Mary Elizabeth Mastrantonio) quand il tombe sous le charme d’une jeune Française (Irène Jacob) que son riche beau-frère (Malcolm McDowell) s’apprête à épouser.

Mais le film s’intéresse moins à l’exploration de ce sujet potentiellement épineux qu’à l’organisation prévisible des scènes caractéristiques du genre: la découverte de la sexualité par le petit garçon (qui trouve les photos et livres cochons du grand-père au grenier); le va-et-vient d’une foule de personnages «pittoresques» (dont un aviateur français, joué par Tchéky Karyo; un inconnu en fuite échappé de Great Expectations; et quelques servantes sorties d’Upstairs, Downstairs); sans oublier l’humour attendu entourant les inventions farfelues du père, les chicanes qui accompagnent les repas de famille, et la narration du tout par un enfant précoce, qui n’a pas la langue dans sa poche.

Insupportablement mignon, lourdement nostalgique et terriblement british, ce film moyen génère une familiarité qui dégénère vite en mépris. On le regarde comme la mise en images d’une «histoire vraie» si complètement réduite aux exigences d’un genre qu’on en a chassé toute la vie pour laisser un film auquel on ne croit pas une seconde: une chronique familiale remplie de souvenirs qui semblent sortir tout droit d’une dizaine d’autres films…

Dès le 6 août
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