Cinéma

Notes : Courts métrages

Hors festivals, la diffusion des courts métrages est si déficiente (une fois de plus: Où sont les télédiffuseurs?) qu’on se retrouve souvent en présence de programmes de films inégaux et très différents. C’est le cas pour les cinq productions présentées au Goethe-Institut.

Montré en primeur au 28e FCMM, Atomic Saké, de Louise Archambault, déroule un scénario traditionnel à la sauce moderne: du noir et blanc, avec circulation nocturne en accéléré, flashs d’une foule de ravers, narration un peu déconstruite (mais pas trop), mouvements de caméra enveloppants ou caméra épaule, pour montrer l’histoire assez banale de trois amies dans la vingtaine, qui, autour d’une bouteille de saké, révèlent chacune un secret qui mettra leur amitié en danger. La mise en images est belle, mais certains dialogues frisent le ridicule («C’est comme un mauvais rêve avec une surdose de lucidité.») et linterprétation sonne faux.

Avec Je te salue, Hugo Brochu montre une famille défilant devant le corps exposé du père. La fillette qui dépose son hamster mort auprès du cadavre de son grand-père, les enfants qui se souviennent du meilleur et du pire, la maîtresse qui évoque les mains du défunt: Brochu n’a malheureusement pas retrouvé la magie d’Anna à la lettre C, et signe ici un court métrage correct, sans plus, auquel il manque quelque chose. Dans un registre plus expérimental, La Casa del Nonno, de Lisa Sfriso, et One Day I Stood Still, de Valerie Buhagiar, explorent respectivement la mémoire des morts et des lieux où ils ont vécu; et les émotions contradictoires, de l’anxiété à l’exaltation, d’une femme obsédée par le temps. Deux films poétiques, assez réussis dans le genre. Quant à Puisque tu ne travailles pas ce matin, de Christine Lack, comédie anodine avec Tonie Marshall, on se demande un peu ce qu’il fait là. Le 7 novembre, Archambault, Brochu et Sfriso seront sur place pour rencontrer le public.

Au Goethe-Institut

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The Source

Plus de quarante ans après ses débuts, la Beat Generation continue de fasciner. Jack Kerouac est un sujet d’étude dans les écoles; les morts récentes d’Allen Ginsberg (en 97) et de William Burroughs (cet été) ont ravivé l’intérêt porté aux œuvres de ces deux écrivains américains, parmi les plus importants du siècle, selon Chuck Workman, qui a consacré The Source à ce mouvement qui annonçait les bouleversements socioculturels des années soixante.

À travers de nombreuses images d’archives du trio infernal et de Neal Cassidy (clochard céleste, voyou belle gueule, esprit libre qui a inspiré On the Road); par le biais d’entrevues avec le poète Lawrence Ferlinghetti, Ken Kesey (l’auteur de One Flew Over the Cuckoo’s Nest), et Norman Mailer; au moyen de textes interprétés par Johnny Depp, John Turturro et Dennis Hopper, Workman trace un portrait à l’image de son sujet: vivant, curieux, dynamique et rythmé (Workman est le monteur des extraits de films de la remise des oscars).

Ces vrais rebelles ont pratiqué le dérèglement des sens de Rimbaud, ont ouvert les portes de la conscience chères à Castaneda; ils ont, en effet, révolutionné la littérature américaine, et été à l’avant-garde des remises en question des trente dernières années. Hormis l’agacant nombrilisme yankee («la littérature mondiale ne fut plus jamais la même»), The Source est un hommage senti, divertissant et instructif à des hommes (les femmes furent peu nombreuses, et, la plupart du temps, «décoratives»…) dont les œuvres survivront longtemps à leur mort.

Au Cinéma du Parc

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