Ulrike Koch : La Route du sel
Cinéma

Ulrike Koch : La Route du sel

La Route du sel, d’Ulrike Koch, raconte le long pèlerinage annuel d’une tribu de nomades tibétains vers les lacs où ils trouvent les précieuses réserves de sel qui forment leur seule monnaie d’échange.

La frontière qui sépare l’envoûtement de l’ennui est parfois bien mince… On la traverse d’ailleurs souvent au fil des 110 minutes sur lesquelles s’étire La Route du sel, le documentaire d’Ulrike Koch illustrant le long pèlerinage annuel d’une tribu de nomades tibétains vers les lacs où ils trouvent les précieuses réserves de sel qui forment leur seule monnaie d’échange avec le reste du monde.

À la fois méditatif et terre à terre, prosaïque et spirituel, ce curieux road-movie – qui traverse les Himalayas, à pas de yak engourdi – fascinera profondément les uns et ennuiera terriblement les autres. Pourquoi?

Parce que, au-delà du portrait d’une culture et d’un monde en voie de disparition, la cinéaste allemande a surtout voulu embrasser la vie quotidienne des gens qu’elle filme. Et parce qu’elle l’a fait d’une manière qui transmet mieux leur torpeur et leur ennui que la beauté et la richesse spirituelle de leurs vies; le film multiplie les scènes de repas sous la tente, d’attelage des bêtes et de pelletage de sel avec une dévotion qui comblera sans doute les ethnologues, mais qui risque fort de frustrer les spectateurs attirés par la promesse d’un documentaire «contemplatif», dont le contenu invite rarement à la contemplation, dont le montage est très souvent lâche, et dont les images ne sont pas assez souvent envoûtantes. Un court texte final – soulignant les dangers qui menacent le mode de vie des nomades tibétains – génère tardivement une émotion profonde et durable; le drame du film d’Ulrike Koch est de n’avoir malheureusement pas su faire naître cette émotion plus tôt, par la seule force de ses images…