Cinéma

20 ans du réel : L’essence de l’observation

Antitube, de concert avec le Consulat général de France à Québec, met à l’affiche 20 ans du réel, une programmation vouée entièrement au documentaire, genre modeste, trop souvent sous-estimé, qui s’efforce de dépeindre la réalité humaine sous divers angles.

20 ans du réel, c’est une sélection des meilleurs documentaires qui se sont produits dans le cadre du festival Le Cinéma du réel, qui a lieu au Centre Georges-Pompidoux, à Paris, depuis maintenant 20 ans. L’événement est en quelque sorte une espèce d’entrée cinématographique dans le quotidien de certaines cultures, à différentes époques, par le biais de courts, moyens ou longs métrages. «Les documentaires présentés ont à peu près tous la même approche, explique Fabrice Montal, directeur de la programmation. Ils investissent des situations sociales et politiques avec des regards ethnographiques et sociologiques; il s’agit d’une sorte de kaléidoscope de la réalité humaine à la fin du XXe siècle.»

L’événement nous permettra de voir des films peu ou pas vus ici et qui touchent à un maximum de réalités mondiales, bien qu’ils aient tous été produits en France. «\Dans plusieurs pays, les gens n’ont pas les moyens de produire des documentaires, or il arrive que certains pays, comme la France, investissent dans la production de films ou de projets qu’ils jugent intéressants. On se retrouve donc avec des documentaires produits par la France, mais souvent tournés par des réalisateurs étrangers et même, dans certains cas, dans une langue étrangère.»

Par ailleurs, si l’ensemble des documentaires ont été tournés par des réalisateurs étrangers, les Québécois risquent de ne pas être dépaysés par l’approche filmique privilégiée, car, selon Montal, «les Québécois sont peut-être les plus près des Européens dans leur approche du documentaire par rapport au reste du continent américain. Il y a une volonté de faire très peu de commentaires et quand il y a en a, c’est la personne elle-même qui se met en subjectivité. On ne tente pas, par un spectacle, de nous faire croire à une certaine forme de vérité, on tente de se détacher du sujet et de garder la caméra comme un témoin d’une action.»

Un coup d’oeil à la programmation
20 ans du réel met à l’affiche différents types de documentaires. Ainsi on pourra y voir des films axés sur les répercussions politiques ou militaires comme l’excellent documentaire Les Vivants et les Morts de Sarajevo de Rovan Tadic, qui a filmé le quotidien des habitants de la ville en plein conflit armé ou My Vote Is My Secret, qui s’intéresse aux premières élections libres en Afrique du Sud. D’autres, comme L’Heure de la piscine, qui donne le pouls des relations adolescentes filles-garçons, ou La Ville-Louvre, qui nous fait découvrir le Musée du Louvre avec ses 2 000 employés dans des lieux jamais suspectés comme les salles de musculation des gardiens de sécurité ou le coeur du château médiéval qu’il abrite, s’intéressent davantage au quotidien. Enfin, Les Lapirov passent à l’ouest, qui démontre l’américanisation d’une famille russe, ou Les Gens des baraques, la mutation d’un bidonville, se font observateurs de l’évolution d’une situation sur plusieurs années: «On prend des témoins, on les filme et 10 ans après on retourne les voir, et on fabrique un film avec les deux époques, explique Fabrice Montal. On peut ainsi voir leur acculturation, leur évolution sociale, leur réussite économique ou leur déchéance aussi; il y a une sorte de leçon par rapport à la temporalité, au destin, par rapport à l’évolution des sociétés aussi. On décode donc un peu l’existence par le cinéma en juxtaposant deux époques de façon concertée.»

Tous les samedis jusqu’au 19 février
Au Musée de la Civilisation
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