Winter Lily : Couette et clichés
Cinéma

Winter Lily : Couette et clichés

Premier long métrage de la Montréalaise Roshell Bissett, Winter Lily se veut le fer de lance d’une nouvelle série consacrée aux thrillers, réunis sous la bannière B&B Mystery Collection. Ces films seront tournés en un seul lieu avec les moyens du bord. Après la série B, place au système D?

On les imagine jeunes et fougueux, débordants de bonne volonté, prêts à toutes les audaces pour produire une carte de visite qui fasse impression. En choisissant de tourner un film noir dans un bed & breakfast enseveli sous la neige, avec comme acteurs principaux des Québécois s’exprimant dans la langue d’Egoyan, la jeune équipe de Winter Lily suscitait une certaine sympathie. Premier long métrage de la Montréalaise Roshell Bissett, Winter Lily se veut le fer de lance d’une nouvelle série consacrée aux thrillers, réunis sous la bannière B&B Mystery Collection. Ces films seront tournés en un seul lieu avec les moyens du bord. Après la série B, place au système D?
Thriller scénarisé par Ryosuke Aoike, en collaboration avec Roshell Bissett, Winter Lily réunit tous les ingrédients du genre mais, pourtant, ne lève pas. En posant sa caméra presque exclusivement dans le bed & breakfast où s’arrête le jeune Clive (Danny Gilmore), la réalisatrice dit avoir voulu installer une ambiance de claustrophobie à la Polanski, ce qu’elle n’est visiblement pas parvenue à faire. L’action se situe pourtant dans un cadre propice à l’intrigue, soit un petit manoir de la Nouvelle-Angleterre ceinturé d’arbres. Ce gîte est administré par Agatha (Dorothée Berryman), une hôtesse au regard étrangement fixe. Y logent aussi son mari Grant (Jean-Pierre Bergeron) et sa fille Lily (Kimberly Laferrière), une nymphette atteinte d’un mal mystérieux. Ajoutez un voisin qui dépèce des poulets et vous aurez une idée de l’étrangeté de l’endroit…
Dorothée Berryman offre une prestation étonnante en timbrée perverse. Pas de doute, la Louise du Déclin de l’empire américain sait jouer la fêlure sans surenchère. L’entendre fredonner ses airs jazz d’un air absent donne des (petits) frissons dans le dos… À l’opposé, Danny Gilmore déçoit par son jeu peu nuancé. S’il s’était fait remarquer dans le Lillies de John Greyson, ainsi qu’au théâtre, l’interprétation qu’il offre dans ce Lily suffre d’un manque flagrant de retenue. En comparaison, Kimberly Laferrière, seize ans, est d’un naturel impressionnant en lolita de campagne.
Cela dit, Winter Lily a le mérite d’explorer un genre peu prisé des cinéastes (et du public) québécois. Dommage que ce premier long métrage d’une réalisatrice prometteuse (son Cotton Candy a remporté le prix du meilleur court métrage au New York Underground Film Fest de 1998 et le prix du meilleur court métrage canadien, à Toronto, en 1997) n’effraie pas et produise autant d’effet qu’un pétard trempé dans la neige… _
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