Cinéma

Images du Nouveau Monde : Le ciné des Amériques

La 18e édition des Rendez-vous de cinéma québécois s’achève à peine qu’un nouvel événement dédié au 7e art prend le relais. Images du Nouveau Monde mettra courts et longs métrages des trois Amériques ainsi que nouvelles technologies à  l’honneur.

Même après 14 éditions, le Festival international du film de Québec n’avait toujours pas réussi à faire naître l’engouement digne des grands événements, pas plus qu’il n’était parvenu à doter la capitale d’une véritable fête du grand écran. Aussi le festival de Serge Losique s’est-il vu retirer ses subventions au profit d’un nouvel événement dirigé par des gens de Québec (les Yves Rousseau, Fabrice Montal et Martin Brouard). Bien qu’à ses premiers pas, Images du Nouveau Monde risque d’être nettement plus intéressant. Il se distingue du FIFQ – qui sera de retour, malgré tout, a promis Serge Losique – en se consacrant essentiellement aux productions des trois Amériques, en instaurant une compétition, et, enfin, en offrant un volet axé sur les nouvelles technologies.

Compétition panaméricaine
Quelque 12 longs métrages, en provenance de huit pays se disputeront le prix Tempête de Radio-Canada, une bourse accompagnée d’une statuette. Au programme, des films fort variés, sans discrimination des genres puisque les documentaires côtoient les fictions et les films à teneur politique ou sociale, les comédies et les thrillers. Ainsi pourra-t-on assister à des films qui ont connu un grand succès au box-office de leurs pays respectifs tel Sexo Pudor y Lagrimas du Mexicain Antonino Serrano, s’imprégner de la poésie propre aux Argentins avec Yepeto d’Edouardo Calcagno, s’interroger sur la domination du cinéma hollywoodien avec le documentaire de Sylvie Groulx, À l’ombre d’Hollywood, en plus d’assister à la première mondiale du film Un petit vent de panique de Pierre Gréco, un thriller entièrement tourné à Québec.
Le jury, initialement prévu pour être de cinq personnes, en comptera finalement quatre, à savoir l’écrivain Neil Bissoondath, la réalisatrice et comédienne Micheline Lanctôt, le critique et écrivain André Roy et le directeur photo Ricardo Aronovitch. «\Nous n’avons pas encore reçu la liste des critères, mais nous allons en discuter, explique Neil Bissoondath. J’ai déjà éé membre de jurys littéraires et on recherche toujours une certaine idée de qualité. Il y a des critères intellectuels et techniques, mais il y a aussi notre propre réaction face à l’oeuvre. Il faut qu’une oeuvre d’art soit capable de te parler à un niveau inconscient, qu’elle te donne l’impression que tu as vécu quelque chose d’essentiel, d’important, qui va rester avec toi.»

Images du futur
Le nouveau monde, c’est l’Amérique, bien sûr, mais aussi le monde nouveau de la technologie qui peu à peu transforme le visage du petit comme du grand écran. Aussi le festival fait-il une place de choix à ces nouvelles tendances, une décision primordiale selon le cinéaste Michel Brault, président d’honneur de l’événement: «On est à un tournant. Ce festival s’aligne vers les nouvelles tendances et j’espère qu’il va poursuivre en cette direction, c’est-à-dire le numérique, car tout le cinéma va y passer. Du côté du cinéma de création, l’esthétique s’en trouve transformée et ça ouvre toutes sortes de possibilités qui étaient réservées auparavant aux grands studios.»
Ce volet du festival se tiendra au Complexe Méduse et regroupera des oeuvres diverses comprenant art vidéo, images digitales, installations vidéographiques, en plus d’une série d’ateliers où le public pourra rencontrer des professionnels des techniques d’animation par ordinateur. Pour Michel Brault, cet aspect du festival n’est rien de moins que la clé de son succès: «J’espère que je ne leur impose pas ma vision, mais je pense qu’il est important d’avoir une ouverture sur le nouveau cinéma. Il faut vraiment foncer dans cette direction; je suis sûr que c’est l’avenir pour ce festival. S’ils veulent garder leur originalité, il faudra qu’ils resserrent davantage leur idéologie festivalière pour ne pas se confondre avec toutes sortes d’autres festivals.»
Enfin, mentionnons qu’Images du Nouveau Monde, qui s’ouvrira sur Orfeu, de Carlo Diegues, compte aussi un volet courts métrages, fort chargé, qui nous fera parcourir le continent sous forme de petite vignettes, une série de longs métrages sur la thématique «2000 vu par…», qui déborde du cadre panaméricain, ainsi que deux hommages, l’un au cinéaste d’animation Juan Padron et l’autre au Québécois François Girard. «Je crois que la sélection de films reflète très bien la diversité que l’on trouve partout dans les Amériques, indique Neil Bissoondath. Diversité de l’âme, diversité d’approche par rapport à la vie, à la culture, à la religion, c’est une chose excitante; c’est loin du contenu qu’Hollywood nous sert!»

Du 1er mars au 5 mars 2000
En différents lieux
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