Neige sur neige : Scènes d'hiver
Cinéma

Neige sur neige : Scènes d’hiver

Se faisant tranquillement une place au coeur du quartier Saint-Jean-Baptiste, l’événement Neige sur neige pourrait bien être le pendant artistique et alternatif du Carnaval. Une façon originale et amusante de réhabiliter cette saison si souvent détestée. Lorsque la neige électronique télévisuelle fait bon ménage avec la neige hivernale.

De prime abord, l’idée pourrait sembler saugrenue: instaurer, en plein mois de février, alors que l’écoeurite aiguë de l’hiver et de sa gadoue nous guette, une rétrospective vidéo ayant comme thème central l’élément que l’on considère pendant près de la moitié de l’année comme étant l’ennemi à abattre, la neige. Par contre, si on prend en compte ses visées et le fait qu’il soit situé entre les excès du Carnaval et le dernier droit de l’hiver, l’événement a de quoi réjouir les plus désabusés. Inauguré en 1996, Neige sur neige se veut à la fois un lieu de diffusion et de rencontre pour les vidéastes de même qu’une occasion de faire la paix avec l’hiver par le biais d’expositions tournées vers cette saison et donnant dans l’originalité.

Lorsque lui est venue l’idée de projeter des courts métrages sur des écrans de neige, Henri Louis Chalem s’est donné un but bien précis, découlant d’un constat durant ses années de travail au sein de La Bande Vidéo, le centre de création et de promotion en vidéo d’art. «Au milieu des années 1990, on se demandait où pouvait bien se placer cette forme d’art, car elle n’est pas nécessairement du cinéma ni de la télévision. Ces productions indépendantes, aidées seulement par les centres d’artistes, n’avaient pas d’autre endroit de diffusion que les galeries d’art ou les festivals et ne rejoignaient finalement qu’un public averti. […] La première idée de Neige sur neige était donc de créer un événement populaire en sortant cet art des salles obscures et des festivals.»

Même s’il savait que son intention était louable, Chalem était bien conscient que le succès de ce défi ne serait redevable qu’à l’application d’une formule originale dépassant les cadres du rassemblement vidéographique. Non seulement les oeuvres devaient se présenter sous un autre point de vue, mais le nouvel environnement devait participer lui aussi de façon concrète à ce happening. «En 1996, j’ai pensé inviter des réalisateurs à produire des courts métrages sur le thème de la neige, qui seraient justement projetés sur des écrans de neige au parc St-Matthews. Donc, on venait de trouver une façon originale pour essayer de sortir le concept de vidéo d’art de sa connotation marginale.»

De 14 la première année, le total des oeuvres créées pour Neige sur neige passe à 55 pour la présente édition, qui sera en quelque sorte une rétrospective des cinq ans d’existence de l’événement. L’occasion de voir, outre les vidéos réalisés en France, en Suisse et en Finlande que l’organisation ramène de sa tournée en Europe, les oeuvres de Québécois connus dans le domaine de la réalisation vidéographique comme Francis Leclerc, Ricardo Trogi et Yves Doyon.

Véritable salle de cinéma extérieure, l’ancien cimetière du parc Saint-Matthews sera pour l’occasion meublé de lanternes sculptées dans la neige, de lampes-igloos et de mosaïques-vitraux de congélation d’objets mises au point par Mariette Bouillet. Ce sera aussi le lieu de l’exposition photographique Uvagut portant sur les peuples de la neige. Disons que peu de complexes de cinéma en feront autant…

Du 24 au 26 février
Au parc St-Matthews
Voir calendrier Événements