What Planet Are You From? : Mars attaque!
Cinéma

What Planet Are You From? : Mars attaque!

Une comédie si ringarde, vulgaire et aberrante, qu’elle devrait plutôt s’intituler What Happened to Mike Nichols?

Il y a longtemps, très longtemps, Mike Nichols était considéré comme un auteur important, grâce à des oeuvres comme Who’s Afraid of Virginia Wolf?, The Graduate et Carnal Knowledge. Il devint toutefois par la suite le metteur en scène décevant de films comme The Day of the Dolphin, The Fortune et Heartburn, avant de devenir le réalisateur consternant de commandes comme Regarding Henry, Wolf et The Birdcage. La dégringolade se poursuit aujourd’hui (et amène Nichols dangereusement près du zéro absolu) avec What Planet Are You From?, une comédie si ringarde, vulgaire et aberrante, qu’elle devrait plutôt s’intituler What Happened to Mike Nichols?

Difficile, en effet, de reconnaître l’esprit de celui qui fut le brillant partenaire d’Elaine May, et un metteur en scène à l’humour particulièrement subtil, dans cette farce grossière reposant sur un prétexte débile: à savoir, les efforts d’un extraterrestre (Garry Shandling) qui doit sauver une planète stérile en engrossant une Terrienne (la pauvre Annette Bening) avec un pénis à moteur qui vibre et fait du bruit dès qu’apparaît une jolie fille… Ça a peut-être l’air drôle comme ça, mais à la vingtième reprise, le gag devient franchement pénible.

Ajoutez Ben Kingsley dans le rôle d’un leader extraterrestre qui se déplace à travers l’espace en sortant des sièges de toilettes d’avion (je n’invente rien); une intrigue parallèle impliquant un enquêteur aérien (John Goodman) qui tente d’empêcher l’extraterrestre et son épouse de concevoir leur enfant; et, pour finir, une course-poursuite intersidérale, où notre E.T. bronzé découvre les joies de la paternité, tout en célébrant les valeurs fondamentales de la famille américaine; et vous avez un film qui ressemble à un croisement entre un épisode de Mon Martien favori (en plus cher) et un numéro de Roméo Pérusse (en moins drôle).

Comme le scénario (principalement crédité à Garry Shandling) évente ses rares bons gags dès les vingt premières minutes, on passe les quatre-vingts autres à s’étonner devant cet effroyable gaspillage de talent: non seulement d’acteurs comme Greg Kinnear et Linda Fiorentino, mais aussi de techniciens comme Michael Ballhaus (le directeur photo de Fassbinder et de Scorsese) et Carter Burwell (le compositeur des frères Coen et de Mamet). Et on se dit à regret que Mike Nichols est désormais un réalisateur dont le plus grand talent est de convaincre les autres de gaspiller le leur…_
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