Man of the Century : Un homme à abattre
Cinéma

Man of the Century : Un homme à abattre

Une comédie étrangement décousue et décevante, qui prend un personnage excentrique et potentiellement fascinant, puis le noie dans une histoire banale…

Johnny Twennies (Gibson Frazier) est un journaliste contemporain new-yorkais, qui semble sorti tout droit d’un film des années 20; il s’habille à la mode Gatsby, s’éclate en dansant le charleston, et parle de Nathaniel West comme d’un auteur qui monte. Anachronisme vivant perdu dans le New York d’aujourd’hui, Johnny Twennies est un excentrique qui suscite toutes sortes de questions. Est-il un illuminé victime de sa nostalgie d’un autre âge? Un personnage des années 20, inexplicablement transporté à notre époque? Ou bien un fou dont on partagerait miraculeusement la vision d’un New York «jazzé» en noir et blanc?

Vous ne le saurez malheureusement pas en sortant de Man of the Century, le premier long métrage d’Adam Abraham, une comédie étrangement décousue et décevante, qui prend un personnage excentrique et potentiellement fascinant, puis le noie dans une histoire banale, indigne des questions qu’il a pu susciter…
En effet, après un bref prologue muet en noir et blanc (qui laisse présager un génial canular à la Zelig), le film entraîne son héros dans une farce criminelle rocambolesque (visiblement inspirée par Broadway Danny Rose et Bullets Over Broadway): une intrigue complètement débile, qui permet à notre homme d’épingler un élu maffieux, de faire coffrer ses hommes de main, et de gagner le coeur d’une belle sur un air de jazz endiablé. Con comme la lune.
En route, Abraham et Frazier (qui ont écrit ensemble ce petit film indépendant) abandonnent les possibilités qu’offre ce personnage prometteur pour mieux graisser les rouages d’une farce qui n’offre rien en retour: une sorte de sous-Woody Allen, qui n’a ni l’humour de ses films, ni celui de farces anachroniques comme Time After Time ou Pleasantville.
À l’arrivée, Man of the Century ne retient de Johnny que son regard innocent, béat et puéril. Avec le résultat que ce qui s’annonçait comme une comédie légère sur un personnage excentrique devient vite une farce étonnamment lourde, truffée de gags stupides; l’exemple parfait de ce que les Américains appellent le «one-joke film» (le film qui repose sur une seule farce). Et ce n’est pas parce que cette comédie est une petite production indépendante, que la blague est plus drôle ou que ses 80 minutes paraissent moins longues…____
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