28 Days : Le mois le plus long
Cinéma

28 Days : Le mois le plus long

Après Private Parts et Dr. Doolittle, la réalisatrice Betty Thomas s’attaque donc à une «comédie dramatique sur la dépendance», écrite par Susannah Grant, la scénariste d’Erin Brockovich. Ni drôle ni dramatique, 28 Days est un film profondément malhonnête – à moins que ses créateurs ne soient d’une naïveté qui frise la  bêtise.

«Ne sois jamais un slogan, car tu es de la poésie», intime Gwen (Sandra Bullock) à une jeune héroïnomane, qui cumule les rechutes. Ça vous donne une idée du niveau des dialogues. Ces deux-là sont dans un centre de désintoxication en tous genres. Fille de party qui fête fort, et boit encore plus, avec son beau chum (Dominic West), la Gwen en question perd le contrôle au mariage de sa grande soeur (Elizabeth Perkins), et fait d’elle une Elizabeth Taylor version sitcom. Après une de ces maximes que lui sert le directeur du centre (Steve Buscemi), Gwen réplique: «Est-ce que vous avez ça brodé sur un oreiller?» 28 Days, c’est ça: un oreiller synthétique, qui provoque de sérieuses allergies, brodé d’une multitude de phrases creuses, servies comme paroles d’évangile.
Après Private Parts et Dr. Doolittle, la réalisatrice Betty Thomas s’attaque donc à une «comédie dramatique sur la dépendance», écrite par Susannah Grant, la scénariste d’Erin Brockovich. Ni drôle ni dramatique, 28 Days est un film profondément malhonnête – à moins que ses créateurs ne soient d’une naïveté qui frise la bêtise. Au mieux, c’est un Vol au-dessus d’un nid de coucou sans saveur, sans odeur, sans risque, et sans vision, pour une époque light où la psycho-pop a remplacé la religion et la philosophie. On est loin de The Lost Week-End, de Barfly ou même de Leaving Las Vegas, vision pourtant très romantico-hollywoodienne de l’alcoolisme.
Au pire, c’est du cinéma à numéros qui saccage un sujet grave et plein de potentiel (y compris comique), pour en faire un «véhicule de star» (quelle belle expression, tout de même!), destiné à donner de la crédibilité à une actrice de série B qui se prend pour Meryl Streep. En Nathalie Baye yankee (vaillant petit soldat aux yeux pleins de larmes), Sandra Bullock n’a, confesse-t-elle, «jamais travaillé aussi fort, et autant en profondeur» (dixit le dossier de presse). En effet, le coton ouaté, le maquillage minimum e, surtout, la mèche de cheveux qui retombe sur les yeux rendent à merveille la détresse psychologique du personnage, et constituent les preuves indéniables d’un rigoureux travail d’actrice. On comprend mieux le prix qu’elle a reçu, il y a peu de temps, au Festival des Films du Monde, pour l’ensemble de sa carrière…

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