Where the Money Is : Petite coupure
Cinéma

Where the Money Is : Petite coupure

On ne peut pas dire que Paul Newman soit désagréable à regarder, même septuagénaire. Il y a même de plus en plus de détails à fouiller dans ce visage, dans le nombre de rides, dans cette démarche de cow-boy, dans le langage de ces mains aux ongles toujours rongés. Dans ces yeux, il n’y a plus grand-chose, le bleu s’étant atténué.

On ne peut pas dire que Paul Newman soit désagréable à regarder, même septuagénaire. Il y a même de plus en plus de détails à fouiller dans ce visage, dans le nombre de rides, dans cette démarche de cow-boy, dans le langage de ces mains aux ongles toujours rongés. Dans ces yeux, il n’y a plus grand-chose, le bleu s’étant atténué. Mais les talents de ce routier toujours fringant ne sont pas exploités, pas dans Where the Money Is en tout cas. Comme si, encore, la star passait avant le personnage.
Dans ce film de Marek Kanievska (Another Country, Less Than Zero), tourné au Québec avec Linda Fiorentino et Dermot Mulroney, Newman incarne Henry, un voleur de banques. Arrêté après de nombreux délits, le roi du braquage trouve un moyen original pour s’évader de prison: jouer le paraplégique. Envoyé dans un hospice, il éveille la curiosité (et autre chose, peut-être…) chez une jeune infirmière, Carol (Fiorentino), qui n’est pas dupe de son manège. Ça tombe bien, elle tourne en rond dans sa vie, vaguement déçue de son couple avec Wayne (Mulroney) et insatisfaite de son train-train routinier parmi des vieillards en bout de course. Elle va forcer Henry à sortir de son mensonge et, par la même occasion, découvrir l’excitation tant cherchée dans le vol de banques.
L’histoire est bonne, et elle aurait pu apporter une réflexion intéressante sur le sens du bien et du mal, et sur jusqu’où peut conduire le désoeuvrement. Le film aurait pu aboutir à un road-movie qui file au bout des sentiments, sur la perte de soi et sur ce qu’on abandonne en chemin. Un Bonny and Clyde, avec blouse blanche et chaise roulante. Malheureusement, rien de tout cela. Mini intrigue, mini suspense, mini mise en scène: voici un mini film qui survole le tragico-comique de la situation. Comme si le réalisateur avait eu peur d’appuyer sur l’accélérateur, chaque fois que le virage devenait dangereux. On reste en surface, égratignant à peine chaque sentiment, et recouvrant le tout d’une couche légèrement humorstique. Ça n’aide pas: les acteurs ne sont pas tous du même calibre, et on sent que Fiorentino et Mulroney font ce qu’ils peuvent, tiraillés entre vouloir faire leurs preuves et demander, à tout bout de champ, un autographe au monstre sacré!

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